DOUBLE MESSIEURSLe passage à l’âge adulte selon Stévenin : le cinéma comme une aventure. Sublime.François (Stévenin himself) et Léo (Yves Afonso) se retrouvent vingt-cinq ans après la colonie de vacances. Instantanément, le lien d’adolescence se retend entre eux. Ils partent joyeusement pour Grenoble en quête d’un troisième larron, le « Kuntch », dont on devine qu’ils le […]
DOUBLE MESSIEURS
Le passage à l’âge adulte selon Stévenin : le cinéma comme une aventure. Sublime.
François (Stévenin himself) et Léo (Yves Afonso) se retrouvent vingt-cinq ans après la colonie de vacances. Instantanément, le lien d’adolescence se retend entre eux. Ils partent joyeusement pour Grenoble en quête d’un troisième larron, le « Kuntch », dont on devine qu’ils le bizutaient. On devine parce que Stévenin sait ne pas être lourdement explicatif. C’est d’ailleurs l’un des plus grands charmes de son cinéma : rien n’est asséné, on est plutôt dans l’infra, et, corollaire, on a le sentiment que tout peut toujours arriver. Cette illusion d’aventure au coin du plan est la signature de sa mise en scène. Mais c’est de la mise en scène. Au fond, il tient son sujet, son récit, son scénario. Et sous les apparences du chemin serpentin, il y a une vraie ligne droite : le passage de l’état d’enfance à celui d’homme. Ce passage se cristallise par une apparition : à Grenoble, au lieu de retrouver le « Kuntch », François et Léo tombent sur sa femme, une Carole Bouquet à la beauté coupante. Très vite, François ne regarde plus Léo, mais cette Hélène. En quelques scènes, François laisse derrière lui la relation adolescente, complice, confusément homosexuelle, qui le collait à Léo, pour la relation hétérosexuelle, d’altérité et adulte qui l’attire avec Hélène. Pendant ce temps-là, la mise en scène de Stévenin continue de se délester. Le film monte vers les hauteurs, dans l’abstraction blanche de la montagne enneigée.
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