Une comédie musicale exubérante compose un bel éloge du multiculturalisme américain.
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Il existe deux Jon M. Chu qui n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre : d’un côté, un tâcheron exécutant sans passion des films de genre idiots (GI Joe: Conspiration, Insaisissables 2, Crazy Rich Asians) ; de l’autre, un brillant réalisateur de comédies musicales, ou du moins de films où la musique joue le premier rôle (Sexy Dance 2 et 3D, Justin Bieber: Never Say Never, Jem et les Hologrammes). C’est heureusement le deuxième qui est à la barre de cette adaptation cinématographique de D’où l’on vient, premier succès à Broadway de Lin-Manuel Miranda en 2008 avant son mastodonte Hamilton.
Intitulé In the Heights en anglais, le film se déroule intégralement dans les Washington Heights, un quartier latino (essentiellement dominicain, cubain et portoricain) à l’extrémité nord de Manhattan, où vit Usnavi (Anthony Ramos), un tenancier de bodega (l’équivalent local de l’épicerie arabe), autour duquel se réunit une petite communauté d’immigré·es venu·es chercher la réussite, sur fond de lutte pour les papiers d’identité, de gentrification et de coupures d’électricité lors d’un été brûlant.
Multiculturalisme assumé
Résolument optimiste, quasi féerique (comme à vrai dire tous les films de Chu), D’où l’on vient revendique un héritage classique, hybridé de culture hip-hop. Il cite ouvertement West Side Story (l’intro qui rappelle America de Leonard Bernstein), Busby Berkeley (la plus belle scène, dans une piscine municipale), et s’il fait de l’œil à Do the Right Thing de Spike Lee (la chaleur suffocante dans un quartier-bulle), c’est pour immédiatement se démarquer de sa noirceur.
Pour autant, sa portée politique n’est pas à négliger. Jon M. Chu n’est pas, et n’a jamais été un cinéaste naturaliste. Il est de celles et ceux qui choisissent, par les moyens du septième art, d’embellir le réel, prenant parfois le risque de la cécité (Crazy Rich Asians et son éloge en loucedé de la dictature singapourienne), mais réussissant, lorsque le sujet s’accorde à son style exubérant, à faire bouger les lignes de la représentation. En ces temps réactionnaires, où le multiculturalisme est attaqué de toutes parts, D’où l’on vient est un parfait antidote
D’où l’on vient de Jon M. Chu, avec Anthony Ramos, Melissa Barrera, Corey Hawkins, (É.-U., 2020, 2 h 23). En salle le 23 juin
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