On a donc fini par aller voir ce qu’on n’avait pas voulu nous montrer. Interdiction de projection, menaces physiques adressées à l’un de nos pigistes (“Si tu en parles dans Les Inrocks, je t’explose la tête !”, l’attaché de presse du film pratiquant sans doute le même “second degré” que Kounen). Résultat des courses : […]
On a donc fini par aller voir ce qu’on n’avait pas voulu nous montrer. Interdiction de projection, menaces physiques adressées à l’un de nos pigistes (« Si tu en parles dans Les Inrocks, je t’explose la tête ! », l’attaché de presse du film pratiquant sans doute le même « second degré » que Kounen). Résultat des courses : quinze jours de retard critique et un bel écran de fumée médiatique. Grâce à ce très efficace brouillage neurologique (avec l’affaire du « Je me torche avec les Cahiers« comme attrape-couillon), l’opération a parfaitement réussi : nous n’avons pas pu parler du film en temps et en heure, certains de nos confrères se sont fâchés tout rouge, Kounen s’est frotté les mains (« J’ai réussi à les énerver, je fais la une du Monde, mon film est promu « phénomène de société », j’affole tous les journaleux poussiéreux, gnark, gnark ! ») et le box-office (décevant) a reconnu les siens. Mais au-delà des bêtises proférées par les uns comme par les autres, une certitude demeure : Dobermann est un film nul. Pas gerbant, pas scandaleux, pas abject et complaisant, pas un déchaînement de violence gratuite, pas dangereux pour notre belle mais influençable jeunesse, pas une oeuvre sans morale (qu’est-ce que la morale vient faire dans cette histoire ?), non, juste nul et non avenu. Et surtout profondément et désespérément ennuyeux emmerdant, chiant, pour rester dans l’exquise métaphore digestive. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’un banal problème de digestion, de transfert intestinal défectueux, de tripes en folie. Kounen a vu et revu Killing Zoe, l’excellent film de Roger Avary, et il a décidé qu’il allait le refaire, en mieux. Il s’en sentait capable, il avait tort. Le petit garçon a mangé trop de cerises, il est bien puni, il a la diarrhée et il recrache de gros noyaux (les masques du hold-up, la nuit de défonce en boîte). Spectacle navrant, Avary devrait faire un procès, je prends 10 %. De mise en scène innovante, point, d’épate visuelle, pas plus, de rythme effréné, même pas, juste la copie raturée d’un mauvais élève qui pompe allégrement sur plus doué que lui. Dobermann n’est que ça, un interminable et laborieux recyclage, une parodie des Guignols qui durerait 1 h 45, l’acmé foireuse du fameux « esprit Canal + ». Pas de quoi s’énerver.
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