Défrisant les codes des teen movies acerbes des années 1990 aux filtres et aux démons de la génération Instagram, “Si tu me venges” (“Do Revenge” en VO) livre une orgie pop et cruelle qui reste en surface de ses personnages.
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Depuis quelques jours, les compteurs Netflix s’affolent, propulsant en tête des visionnages de la plateforme un teen movie rétro qui semble tout droit sorti des années 1990. Réalisé par Jennifer Kaytin Robinson, Do Revenge nous propulse dans un très chic établissement privé de Miami, où la reine du lycée déchue noue un pacte avec une nouvelle venue pour se venger de leurs ennemi·es respectif·ves.
Remaniant l’argument machiavélique de L’Inconnu du Nord Express de Patricia Highsmith avec les outils codifiés du High School movie grand public, le film déplie la vendetta de ces deux adolescentes que tout oppose au fil d’une année scolaire émaillée de rites de passage, et en défrise les archétypes aux filtres (et aux démons) de la génération Instagram.
Découverte dans la série Riverdale, Camila Mendes incarne une prom queen issue d’une classe populaire et victime de slut shaming après que son petit ami Max (Austin Abrams, vu dans Euphoria) a diffusé une vidéo de leurs ébats. Révélée par les deux dernières saisons de Stranger Things, Maya Hawke embrasse le rôle de l’ado ringarde qui se réinvente pour gravir les échelons du cool après avoir été mise à terre par une rumeur malveillante. Dans les couloirs du lycée, on croise également Alisha Boe, l’inoubliable Jessica de 13 Reasons Why, en ex-meilleur amie traîtresse, et Sarah Michelle Gellar, star de Buffy contre les vampires, en Proviseure décontractée.
Un succès algorithmique programmé
Avec son casting aux airs d’Avengers des séries adolescentes actuelles couvé par l’un des visages les plus marquants des productions 90’s et sa BO alignant les incontournables de la pop contemporaine (de Rosalía à Billie Eilish), Do Revenge abat tous les atouts d’un succès algorithmique. Caressant l’air du temps jusqu’à son tropisme rétro, multipliant les coups bas et les retournements de situation avec une inconséquence vénéneuse, le film s’offre comme un plaisir coupable propre à agiter la toile dans une déflagration kitsch… avant de tomber dans l’oubli ?
C’est que si l’on s’amuse de ses piques acerbes et ses costumes improbables, la bulle dorée dans laquelle baignent ses personnages nous laisse à distance de leurs affects, quand l’arrogance friquée qu’ils transpirent à grosses gouttes ne nous les rend pas franchement antipathiques. Agitant paresseusement des marqueurs contemporains dont il peine à déplier les implications, Do Revenge échoue à se doter d’une profondeur à la hauteur de son sujet apparent, soit un pacte de sororité pour lutter contre une masculinité toxique.
Approchant le lycée comme une micro-société cruelle régie par la course à la popularité et la tyrannie des apparences, le film oublie parfois lui aussi de faire tomber les masques de ses personnages, duo ambigu dont l’amitié contrariée – voire l’attraction refoulée – constitue pourtant le cœur battant du projet.
Do Revenge de Jennifer Kaytin Robinson, avec Camila Mendes, Maya Hawke… Sur Netflix.
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