Le film balance constamment entre blockbuster bling-bling et comédie mettant en scène un couple d’escrocs et finit par disparaître corps et biens.
A l’instar de son couple d’arnaqueurs flambeurs qui se poursuivent, se dépassent et s’esquivent sans jamais parvenir à confluer, deux films se courent l’un après l’autre dans Diversion.
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Le premier est un modèle de blockbuster sexy et bling- bling, genre qui régnait en maître au début du millénaire et qui réapparaît ici non sans une légère odeur de vieux. Le second revient de plus loin : une ancienne tradition du film de couple d’escrocs, qu’on peut faire remonter jusqu’à Haute pègre de Lubitsch, et dont le signe distinctif est un jeu très guilleret sur le vrai et le faux, un “je te tiens, tu me tiens” où c’est toujours le meilleur menteur qui gagne pendant que l’autre lui pique sa montre.
Le problème, c’est que ces deux films s’annulent perpétuellement. Tout se résume à une scène de boniment qui réapparaît trois ou quatre fois : les arnaqueurs, baissant la garde, sont à deux doigts de s’avouer leur amour. L’un d’eux finit par déballer une tirade romantique d’une beauferie caricaturale, mais qui n’a pas, à l’écran, la couleur du sarcasme (donc une camelote qui a tout de même un peu de goût) ; l’autre tombe dans le panneau, et la suspension lyrique s’effondre bêtement, dans un rire jaune.
Ainsi Diversion cale-t-il à répétition : les séquences d’escamotage se traînent un boulet de pathos qui les empêche systématiquement de prendre de la vitesse, tandis que les envolées tragiques finissent toujours en queue de poisson. Se frottant aux grands pontes du gangster movie de luxe des années 2000, le film échoue en plus à hisser sa mise en scène sur des hauteurs tactiques, immatérielles (le plan, le réseau) et reste à peu près cloué au sol (les petits jeux de mains des pickpockets). Une maigre voilure qui fait à la fois son défaut et son charme, mais qui le renverra bien vite à l’oubli.
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