Mylène Demongeot est morte ce jeudi 1er décembre à 87 ans. Notre journaliste Jean-Baptiste Morain se remémore ses souvenirs d’enfance de cinéma.
Quand j’étais petit, j’étais amoureux de Mylène Demongeot.
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Je la voyais surtout à la télévision, dans ce qu’on appelait les “films du dimanche soir” labellisés “pour tout public” par le sacro-saint Office Catholique Français du Cinéma dans Télérama.
Il s’agissait surtout des trois films de Fantômas (avec Louis de Funès et Jean Marais), réalisés par André Hunebelle en 1964, 1965 et 1967, télédiffusés au moins une fois par an. Je l’aimais parce qu’elle était jolie, qu’elle me rappelait Brigitte Bardot – dont j’étais persuadé que Mylène était la sœur, tant elle lui ressemblait. Mylène Demongeot n’essayait pas d’écraser les autres acteurs – je ne dis pas que BB le faisait, n’est-ce pas, mais son charisme écrasait tout sur son passage dans les années 1960. À aucun moment je ne réalisais que Demongeot et Bardot avaient le même âge que ma mère… Ou inversement.
Demongeot, je l’avais aussi vue plusieurs fois dans un rôle de méchante, dans Les Trois Mousquetaires de (en deux époques, Les Ferrets de la reine et La Revanche de Milady) de Bernard Borderie (1961), avec Gérard Barray (aujourd’hui oublié, il jouait essentiellement les jeunes premiers souriants dans des films de cape et d’épée), dans lequel elle interprétait le rôle magnifique de Milady de Winter, la traîtresse au service du Cardinal.
Je me souviens avec émotion du moment où l’on découvrait soudain (d’Artagnan lui arrachait un pan de sa robe – quel érotisme fou dans un film recommandé par l’OFCC !) que son épaule avait été marquée au fer rouge d’une fleur de lys, signe de l’infâmie. Je me rappelle aussi la scène terrifiante où cet imbécile de d’Artagnan (qui lui préférait la pauvre Constance Bonacieux) la confiait au bourreau de Béthune afin qu’il l’exécutât. Quel drame. Milady, pour moi, c’était comme Emma Peel dans Chapeau melon et bottes de cuir : une vraie femme, intelligente, sachant manier les armes, sans pitié !
Auparavant, mais je ne le savais pas, Demongeot avait joué au théâtre (c’est Raymond Rouleau, acteur et metteur en scène, qui l’avait découverte), puis dans des films à l’étranger. On l’avait vue dans un second rôle dans Bonjour tristesse d’Otto Preminger en 1958, aux côtés de Jean Seberg, adapté évidemment du premier roman de Françoise Sagan, et, comme beaucoup d’acteur·ices français des années 1960 (Jean-Louis Trintignant, Jacques Perrin, Laurent Terzieff, Jacqueline Sassard, Catherine Spaak, Magali Noël…) dans quelques films italiens, dont surtout Les Garçons de Bolognini (avec Terzieff et Jean-Claude Brialy).
Et puis elle avait peu à peu disparu des écrans, n’apparaissant que sporadiquement dans des nanars, de moins en moins souvent. En 2011, elle était un peu revenue sur le devant de la scène, à l’occasion de la publication du livre qu’elle avait écrit, Tiroirs secrets, dans lequel elle racontait le combat perdu contre l’alcool par l’amour de sa vie, le réalisateur Marc Simenon, fils de Georges. Surtout, elle était à nouveau apparue sur les écrans, à 70 ans passés, notamment dans les deux épisodes de la “saga” Camping, dans le rôle de l’épouse de Claude Brasseur.
Elle avait 87 ans. Mais Milady de Windsor ne meurt jamais !
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