Avec Dino Risi, ce n’est pas seulement le principal inventeur de la “comédie à l’italienne” qui disparaît, mais aussi l’un des meilleurs cinéastes italiens. Risi fit des études de médecine, et il était psychiatre avant de rejoindre par hasard le monde du cinéma. Dans ses films, il a ausculté l’Italie comme un corps et un […]
Avec Dino Risi, ce n’est pas seulement le principal inventeur de la “comédie à l’italienne” qui disparaît, mais aussi l’un des meilleurs cinéastes italiens. Risi fit des études de médecine, et il était psychiatre avant de rejoindre par hasard le monde du cinéma. Dans ses films, il a ausculté l’Italie comme un corps et un cerveau malades, avec la bêtise, la veulerie et la cupidité dans le rôle des principaux symptômes.
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Après son premier succès personnel, Pauvres mais beaux (1956), et des titres plus commerciaux avec les vedettes de l’époque, Risi signe Une vie difficile (1961), son premier chef-d’œuvre, une comédie ambitieuse sur l’histoire et la politique italiennes. Il s’agit d’une étude à la fois bouffonne et sérieuse de la société de l’après-guerre, à travers les désillusions d’un résistant de gauche confronté au cynisme et à la crapulerie de ses contemporains.Le Fanfaron (1962) est le classique absolu de la comédie italienne, satire sociétale et odyssée dérisoire jusqu’au dénouement tragique. En 1963, La Marche sur Rome, avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi, analyse la naissance du fascisme par le petit bout de la lorgnette avec autant d’humour que d’intelligence. La même année, les deux acteurs incarnent dans Les Monstres une foule de personnages ridicules et grotesques.
Sous l’humour noir et méchant se dessine un portrait très juste et sans complaisance de l’Italie de la fin du boom économique. Par la suite, Risi participera à la mode du film à sketchs ou de la comédie érotique, avec Sexe fou (1973). Après des œuvres plus légères, Au nom du peuple italien (1971) demeure le film le plus féroce de Risi, sur la corruption généralisée d’un pays en pleine décadence.Risi va jusqu’à la fin de sa carrière se consacrer à l’étude au scalpel des névroses, lubies ou obsessions sexuelles d’antihéros pathétiques et vieillissants.
Dans Parfum de femme, Cher papa, La Chambre de l’évêque, Dernier amour, Fantôme d’amour, Ames perdues, Valse d’amour (son testament cinématographique en 1990), la misanthropie radicale du cinéaste et la noirceur de ses sujets débouchent sur des films toujours aussi pessimistes mais plus proches de la mélancolie morbide que de l’humour grinçant. La mise en scène de Risi se caractérisait par une simplicité fonctionnelle qui ne faisait qu’exacerber la monstruosité des personnages et la démesure des situations. Elle était aussi modeste que ses acteurs de prédilection (Sordi, Tognazzi, Mastroianni, Gassman) étaient grandioses.
Ces dernières années, Risi se plaignait que la vieillesse était ennuyeuse à mourir. A 91 ans, le lion milanais avait toujours quelques vacheries en réserve quand on l’interrogeait sur la politique ou le cinéma italien. Mais ses amis acteurs et les belles starlettes de Cinecittà qu’il avait tant aimées n’étaient plus de ce monde, et il nous a fait comprendre que la plaisanterie avait assez duré.
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