Un trentenaire accuse l’Eglise espagnole de tous ses maux dans une comédie douce-amère.
Est-ce que c’est bien ? Oui. Génial ? Non. Drôle ? Oui. Dieu, ma mère et moi rappelle un peu les premiers Nanni Moretti. Mais un Moretti d’aujourd’hui, désengagé politiquement, et à la mode hispanique (le réalisateur est uruguayen). Gonzalo (Alvaro Ogalla, un non professionnel étonnant, auquel cette histoire est réellement arrivée) est madrilène.
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Fils de bonne famille, il poursuit à 30 ans passés des études de philosophie qui paraissent sans fin. Il n’avance pas. La psychanalyse n’a rien pu pour lui. Il donne des cours au fils de sa voisine, sans la regarder, alors qu’elle est si jolie.
Procès kafkaïen
Un jour, il décide que tout vient de la religion. Cette entrave est la cause de tous ses maux : son refus de s’engager dans la vie, son manque de volonté, sa cécité au regard des femmes qui le désirent. Il décide donc de se faire apostasier, c’est-à-dire de demander officiellement au clergé catholique à ce que son appartenance à cette religion ne figure plus dans les registres paroissiaux : d’ailleurs, on l’a baptisé sans lui demander son avis, non ?
Evidemment, l’Eglise espagnole (qui a un passé assez lourd) voit ça d’un très mauvais œil, ne serait-ce que parce qu’elle craint une « fuite des âmes »… Et Gonzalo, avec ses cheveux et sa barbe hirsutes et ses regards ahuris, se lance dans un procès kafkaïen où tout le monde le considère comme un fou. Surtout, cette décision va bouleverser sa vie sociale, car elle choque sa famille, qui y voit comme une trahison de tous les valeurs qu’elle lui a inculquées…
Rapport trop passionnel avec sa sœur
Le sujet, au fond fort grave et révélateur de la force de l’Eglise dans certains pays européens avancés, est heureusement toujours traité sur le mode de l’humour et de la satire, avec des scènes dont on ne sait pas toujours très bien si elles relèvent de la réalité ou du rêve. Le film n’est pas totalement centré sur l’apostasie de Gonzalo, et délivre quelques vérités sur ce qui entrave la vie de notre héros, notamment un rapport trop passionnel avec sa sœur. Mais rien n’est grave ici, et Gonzalo trouvera la solution la plus évidente à son problème. Un très joli film.
Dieu, ma mère et moi de Federico Veiroj (Esp., Fr., Ur., 2015, 1h20)
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