John Moore transforme Bruce Willis en héros de vidéo game fantomatique dans un blockbuster crépusculaire.
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Die Hard ou du cochon ? Après ce cinquième volet, les fans
de John McTiernan feront leur deuil : la franchise qu’il avait initiée avec Piège de cristal (1988), mètre-étalon du film d’action old school, a des airs de jeu vidéo ; son John McLane, héros de chair et de sang autant porté sur la gâchette que sur la topographie, est mort.
Mais vive McLane malgré tout. Des vitres brisées de Piège de cristal à la traversée de l’écran vers le simulacre et le ludique, il n’y avait qu’un pas, bien avant la bataille contre les hackers de Die Hard 4 – Retour en enfer.
McLane crapahutait ainsi dans les niveaux de la tour Nakatomi de Piège de cristal avec les réflexes d’un first personal shooter avant l’heure (maîtriser l’environnement, le retourner contre l’adversaire). Dans Une journée en enfer, il vivait l’ordinaire d’un joueur de GTA lorsqu’il devait atteindre, à pied ou en voiture, l’autre bout de la ville pour accomplir une tâche en temps limité.
À quoi joue-t-on ici ? À une partie linéaire et rapide. C’est l’épisode le plus court de la série, qui aimait pourtant les mises en place et filmer des gens au travail. “Aller là-bas et tuer des crapules”, dixit Willis, en quatre étapes (dont une réjouissante course-poursuite à Moscou). On affronte des boss gigantesques et les corps valdinguent au mépris de la gravité.
Adieu les méchants fous des médias des volets précédents, façon McLane vs McLuhan. Le duo entre McLane et son fiston méprisant, en guerre contre des terroristes russes, y vaut plus comme une réconciliation autour de la console un dimanche après-midi qu’un drame sur l’incommunicabilité. Place à la série B assumée et sale jusque dans ses effets spéciaux.
Si le film multiplie les clins d’œil à Piège de cristal, il retourne la nostalgie eighties lors d’une visite surprise dans une certaine centrale nucléaire ukrainienne, célèbre depuis 1986.
On a alors le pied chez Alien ou dans le jeu S.T.A.L.K.E.R. Où aller lorsque la franchise a déjà cartographié un immeuble, New York puis internet ? Vers l’au-delà ou une certaine idée américaine et littérale de l’enfer : la Russie, bien sûr.
Le point fort ici est la facture funèbre où, en bon embaumeur, John Moore plonge ce Die Hard dans un climat bleu-gris de film d’horreur – il avait fait idem en adaptant le jeu Max Payne en néo-noir numérique. Un peu las mais allumé quand il faut, Willis y est idéalement fantomatique. Soit l’état opposé à ses collègues Expendables sur le retour, Stallone (arbre noueux) et Schwarzenegger (tronc pétrifié). Assez pour séduire les jeunes ? Yippee-ki-yay, modernité.
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