En ces temps maussades où la meilleure façon de battre des records d’affluence est de concocter une comédie passe-partout, le cinéma français s’est mis à développer une nouvelle ligne de produits dits « films de comiques ». Que ceux-ci viennent de la télévision ou du café-théâtre, on se méfie, on tend le dos chaque fois qu’on tente […]
En ces temps maussades où la meilleure façon de battre des records d’affluence est de concocter une comédie passe-partout, le cinéma français s’est mis à développer une nouvelle ligne de produits dits « films de comiques ». Que ceux-ci viennent de la télévision ou du café-théâtre, on se méfie, on tend le dos chaque fois qu’on tente de nous resservir la même mélasse populaire, machine à fric sans âme. Dans cette catégorie, Les Nuls nous sont restés infiniment sympathiques pour avoir su se montrer parfois à la hauteur loufoque des Monty Python. Ce film d’Alain Chabat pouvait donc susciter une relative curiosité.
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Un agent de footballeurs très égoïste (Jean-Pierre Bacri) se voit confier la garde d’un labrador qui finit par se métamorphoser en homme frisé dont il va bien falloir s’occuper puisqu’il a conservé une conscience de chien. Bacri s’escrimera à faire passer l’homme-chien Didier pour un joueur de foot lituanien. Le message est clair sans être trop explicitement délivré et on peut voir en Didier une fable sur l’egomania lorgnant sur Un Jour sans fin d’Harold Ramis, ou une satire plus générale sur le racisme et les rapports humains. A ce titre, on attendait une mise en scène plus attentive et moins soucieuse de grandiloquence, principal défaut du film. Car si Chabat prend bien soin de ne pas trop cabotiner dans son rôle de cabot, il accumule en tant que metteur en scène tous les tics du filmage « à l’américaine » et perd en route une partie de la tendresse du sujet. Les vingt dernières minutes présentant un match de football au parc des Princes sont à ce titre un véritable carnage démonstratif, vues d’hélicoptère et morceaux de bravoure trop attendus à l’appui. L’alternative est simple : on peut se laisser attraper par le charme enfantin de cette histoire à dormir debout ou rester salement énervé quant aux divagations d’une caméra complaisante, prenant ses inspirations dans la publicité. Mais puisqu’on a échappé à la mise bout à bout de sketches pré-mâchés et à une morale appuyée après tout, on ne saura rien du pourquoi et du comment de cette fameuse transformation canine, et c’est tant mieux , on accepte de se glisser plusieurs années en arrière pour considérer ce film comme un petit conte sympathique, malheureusement nourri à de trop fortes hormones de croissance.
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