Dans les rouages du pouvoir, “Le Monde d’hier”, instille une atmosphère de fin de règne particulièrement de saison.
Rien ne va plus. L’élection présidentielle approche et la présidente de la République, Isabelle de Raincy (Léa Drucker, convaincante), ne se représente pas – notamment parce qu’elle souffre d’un cancer qu’elle soigne en cachette. Elle pense pouvoir laisser la main à un vieux briscard de son parti, Gaucher (Jacques Weber, parfait en salopard), même si elle ne l’aime pas.
Mais patatras : à trois jours du premier tour, son secrétaire général de l’Élysée et ami (amoureux), L’Herbier (Denis Podalydès), lui annonce une mauvaise nouvelle : un scandale concernant Gaucher va être révélé, offrant certainement la victoire au candidat d’extrême droite. Que faire ?
La solitude d’un·e chef·fe d’État
Dans une ambiance funèbre où chaque lieu (belle évocation de la froideur intrinsèque de l’Élysée) ressemble à un mausolée ou un crématorium, avec une économie de moyens cinématographiques évidente (beau classicisme), Diastème (qui a été conseillé par les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet) décrit avec minutie les rouages du pouvoir, l’absolue solitude d’un·e chef·fe d’État, ses rapports parfois affectifs avec ses gardes du corps, et réussit, presque jusqu’à la dernière scène (un peu trop sibylline à notre goût), un film désespéré sur la fragilité de la démocratie et la peur que peut nous inspirer demain.
Le Monde d’hier de Diastème, avec Léa Drucker, Denis Podalydès, Benjamin Biolay (Fr., 2022, 1 h 29). En salle le 30 mars.