Tel-Aviv filmé comme un labyrinthe mental dans lequel se cognent les représentants d’une génération défaite.
Nous sommes à Tel-Aviv, le jour des funérailles du père de Goldman. Caesar et Israël, les deux meilleurs amis de Goldman, sont en retard à la cérémonie, se trompent de cimetière et finissent par louper l’enterrement. Ces personnages de 30 à 40 ans nous ressemblent : ils portent des jeans, écoutent du rock, regardent des cassettes porno. L’un change de petite amie comme de chaussettes, l’autre a une relation plus stable, le troisième vit avec sa mère et semble attendre l’amour idéal. Les trois s’empêtrent dans leurs problèmes relationnels, s’enlisent dans les difficultés de la vie en milieu urbain, se cognent aux mêmes murs existentiels qu’à Paris, New York ou Tokyo. C’est là la première vertu de Devarim : offrir le trop rare contrechamp des actualités télévisées, qui enferment le pays dans l’image unidimensionnelle du conflit avec les Palestiniens. Le film rappelle très simplement que la vie en Israël n’est pas réductible à la guerre et nous montre ce qui dans l’Autre revient au Même. Mais tout en montrant ce qui est universel à Tel-Aviv, Devarim précise le trait et inscrit dans le tableau certaines spécificités de cette ville et de ce pays. Ainsi de l’impasse dans laquelle se débattent les trois personnages principaux, cul-de-sac existentiel bordé d’un côté par la mort d’un père et refermé à l’autre bout par le suicide d’un fils. En Israël, sans doute plus qu’ailleurs, il est difficile d’avoir 30 ans aujourd’hui et d’exister après les générations précédentes, celles des « héros » qui ont fondé le pays, sans parler d’un état de guerre latent, blessure invisible dans le film mais omniprésente.
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