Ce vendredi 28 février, à 200 mètres de la salle Pleyel à Paris où se déroule la cérémonie des César, des centaines de militantes se sont rassemblées pour protester contre les douze nominations du film de Roman Polanski, accusé de viol et d’agressions sexuelles.
“On est là, on est là, pour l’honneur de ses victimes et pour dénoncer ses crimes, nous on est là !” Elles étaient quelques centaines, place des Ternes, à Paris, ce vendredi 28 février. A 200 mètres de là, la cérémonie des César est sur le point de débuter dans la salle Pleyel. Ces militantes féministes espèrent faire entendre leur rage contre les nominations aux César du film J’accuse de Roman Polanski, accusé de viol par plusieurs femmes.
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Pour l’occasion, différents collectifs féministes ont uni leurs forces. Parmi les militantes, les pancartes d’Osez le féminisme, de Nous Toutes, de La Barbe et du Collectif féministe contre le viol se mélangent. “C’est assez rare ce genre d’union”, souligne Yuna Miralles, coordinatrice de l’action pour Nous Toutes. “On avait toutes la même colère, ajoute-t-elle. On veut montrer aux victimes qu’on les soutient et surtout qu’on les croit.”
« Violeur on te voit, victime on te croit » crient les militantes pic.twitter.com/HAx1CtiWws
— Pauline Thurier (@PaulineThurier) February 28, 2020
Pour les manifestantes, les douze nominations pour le film de Roman Polanski montrent que les victimes ne sont pas entendues. “Si cet homme est protégé et qu’on veut le récompenser, c’est que les douze femmes qui l’accusent ne sont pas crues”, dénonce Amélie, 23 ans. Cette étudiante en histoire vient manifester pour la première fois et n’appartient pas à un collectif féministe. “Je suis venue parce que c’est inadmissible ce qui se passe, explique-t-elle. J’aime le cinéma et normalement c’est un art qui dénonce mais là, il ne dénonce pas, il soutient un violeur.”
Adèle Haenel érigée en modèle de la lutte contre les violences sexuelles
Les collectifs avaient donné rendez-vous à leurs sympathisantes à partir de 18 heures. En quelques dizaines de minutes, la place des Ternes s’est retrouvée bondée. D’un côté, des groupes scandent : “Y en a marre d’inverser, c’est Polanski l’accusé !”, “Le viol est un crime, tapis rouge pour les victimes” ou encore “Violeur on te voit, victime on te croit”. De l’autre, des jeunes filles collent des affiches. “César de la honte” est placardé sur le kiosque de la place. A côté, une citation de l’actrice Adèle Haenel, souvent citée par les militantes depuis qu’elle a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements et de harcèlement sexuel : “Distinguer Polanski, c’est cracher au visage des victimes. Ça veut dire, ce n’est pas si grave de violer les femmes.”
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Aux alentours de 19h30, le collectif Nous Toutes réclame l’attention des manifestantes. Elles proposent leur version de la cérémonie des César, faisant écho à une autre contre-cérémonie publiée jeudi soir sur Youtube. Avec des catégories bien éloignées de celles de l’Académie des César, elles décernent notamment un prix à l’écrivain Gabriel Matzneff pour “Ouin ouin les femmes sont ingrates” et bien sûr à Roman Polanski pour la catégorie “#MeToo a détruit ma vie sociale” et “Ouf j’ai eu chaud aux fesses, j’ai échappé à la justice”. En guise de César, un parapluie floqué du mot “impunité” brodé en doré.
@NousToutesOrg décerne son César à #Polanski pic.twitter.com/fWiMJMOM0e
— Pauline Thurier (@PaulineThurier) February 28, 2020
Empêchées d’accéder à la salle Pleyel
Lorsque le groupe de manifestantes (et quelques manifestants) se dirige vers la rue du Faubourg saint-Honoré dans l’espoir de rejoindre la salle Pleyel, il se retrouve coincé. Quatre camions de gendarmerie, des barrières et quelques représentants des forces de l’ordre bloquent le passage. Qu’à cela ne tienne, les chants féministes et les slogans reprennent encore plus fort. Lorsque les féministes se sont déplacées vers le carrefour des Ternes, bloquant l’avenue Wagram, les forces de l’ordre ont jeté des gaz lacrymogènes pour les faire partir.
Devant la salle Pleyel où va s’ouvrir la Cérémonie #Cesar2020 pic.twitter.com/NKqvDPRzxT
— Marine Turchi (@marineturchi) February 28, 2020
Face aux CRS, le collectif La Barbe montre ses pancartes en silence. “Il y a du monde, c’est assez impressionnant”, se réjouit Alice Coffin du collectif La Barbe. Seul point noir au tableau, elle aurait aimé voir des figures du cinéma dans les rangs des féministes. “On sait que ça va peser dans les discours mais ce n’est pas encore assez.” Le plus grand espoir des militantes ce soir est de voir Adèle Haenel récupérer le César de la meilleure actrice et donner une voix à leur lutte sur la scène de la salle Pleyel.
https://twitter.com/labarbelabarbe/status/1233451672032116738/photo/1
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