Les deux premiers longs métrages de Henner Winckler, jeune cinéaste allemand au regard subtil.
LES FILMS Au sein de la nouvelle génération de cinéastes allemands qui émerge depuis quelques années, Henner Winckler s’est distingué en faisant de l’adolescence son thème de prédilection et la matière première de son cinéma. Sa mise en scène n’est peut-être pas de celles qui bousculent spectaculairement les formes cinématographiques, mais la discrétion de son style n’enlève rien à l’acuité et à la fraîcheur de son regard sur le monde adolescent. C’est presque en anthropologue que le réalisateur se positionne dès son premier long métrage, Voyage scolaire. Au cœur du film, les attitudes, les visages, les regards en coin de lycéens parachutés dans le décor postsoviétique d’un hôtel balnéaire polonais, le temps d’un voyage scolaire. Si les adolescents ressemblent ici à des insectes sous cloche butant contre les vitres ou les uns contre les autres, ce n’est certainement pas le fait d’une approche stigmatisante de leur univers. L’enfermement vient d’ailleurs, de l’intérieur, d’attentes fébriles et de replis maladifs, de la violence aiguë des désirs rentrés. Winckler ne plaque aucun scénario sur ces corps impatients mais les laisse parler d’eux-mêmes, à travers leurs gestuelles tâtonnantes et leurs paroles suspendues. Sa caméra se fond dans le moule ingrat et informel d’une réalité sans éclat, sans événements (ou presque), mais c’est pourtant à partir de cette matière quasi documentaire que quelque chose va s’écrire, se déchirer, avec une distance faussement nonchalante, avant tout pudique et affûtée. Lucy confirme l’intérêt de Winckler pour l’enfermement adolescent et affirme plus intensément encore sa passion pour les visages, énigme suprême du cinéma, son point ultime de butée et de révélation. Sous son œil scrutateur, l’actrice Kim Schnitzer s’impose dans le rôle d’une mère de 18 ans qui essaie de vivre comme les filles de son âge. Le monde semble encore glisser sur son visage imperméable, et tout l’enjeu du film consistera justement à faire se répondre, dans un dialogue ténu, tacite, ce paysage féminin juvénile, mutin et délicat, et la réalité qui l’entoure.
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LES DVD : En guise de court métrage, on aurait préféré voir le déjà prometteur Tip Top de Henner Winckler plutôt que le tiède Baden de son coscénariste Stefan Kriekhaus, auquel il participa en tant que chef op.
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