Manifestation de soutien au Comité, référence explicite ou hommage indirect : dans des clips ou par la fiction, les réalisateurs se sont emparés très tôt du drame de l’été 2016. Tour d’horizon d’un élan militant qui ne décélère pas.
Le 22 août 2016, W9 diffuse pour la première fois le clip de la chanson de Black M Je suis chez moi. Le rappeur français y arbore un T-shirt blanc. Mais dans quelques plans, il lui substitue un T-shirt noir, où est inscrit en blanc : “Justice pour Adama”. Evidemment, c’est un slogan du Comité pour Adama. Il n’aura fallu qu’un mois pour que la mort d’Adama Traoré apparaisse à l’image. Mais ce n’est pas tout.
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W9, “par souci de neutralité”, décide de flouter les messages (le CSA lui donnera raison). Scandale sur les réseaux sociaux. Résultat : les ventes du T-shirt explosent… La boulette de W9 donne de l’ampleur à la cause de la famille d’Adama.
Très rapidement après le drame, des clips, puis des courts métrages sont produits. On n’avait jamais vu ça – même si la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, à Clichy-sous-Bois, en 2005, avait poussé Jean-Marie Straub et Danièle Huillet à réaliser un cinétract, Europa 2005 – 27 octobre, et Ibrahim Koudié à raconter leur mort dans un court métrage intitulé YA “R”, visible sur YouTube. Impossible de les dénombrer, en réalité. Citons quelques initiatives marquantes.
Un combat qui continue à l’écran
Ladj Ly est depuis 1996 l’un des cent trente-cinq membres de Kourtrajmé, ce fameux collectif fondé par des gens comme Kim Chapiron et Romain Gavras. “Copwatcher” français, il s’efforce de filmer les arrestations dans les banlieues difficiles – méthode née aux Etats-Unis dans les quartiers noirs pour contrer la violence policière. Inspiré par le drame d’Adama, Ladj Ly réalisera un court métrage intitulé Les Misérables (parce que tourné en partie à Montfermeil, où vivent les Thénardier dans le roman de Hugo), avec l’excellent Damien Bonnard (Rester vertical, En liberté !, etc.) dans le rôle d’un flic débutant qui assiste à un contrôle de police qui va partir en vrille. Le film cartonne. Il est sélectionné dans plus de cent festivals, reçoit le prix Canal+ à Clermont-Ferrand en 2017 et est nominé aux César en 2018. Actuellement, une version longue des Misérables est en cours d’écriture.
Il faut aussi parler d’un très court métrage présenté dans le cadre du festival Nikon, Je suis un combat, de la jeune réalisatrice Tokou Bogui. L’histoire d’un jeune homme confondu avec une bande de jeunes que poursuivent des policiers en civil et qui se retrouve écrasé au sol, torse contre terre…
Dans 100 Carats (jeu de mots sur le nom de l’ex-président burkinabé Thomas Sankara), brûlot militant en faveur de la prise du pouvoir politique par les Noirs grâce à l’acculturation (film visible sur la page Facebook “Allez tous vous faire enfilmer”), l’un des personnages porte le T-shirt “Justice pour Adama”. Lors du prochain Festival international du film panafricain de Cannes, du 17 au 21 avril, le cinéaste Djigui Diarra présentera un court métrage, Malgré eux, l’histoire d’une mère blessée par un Flash-Ball.
Ainsi ces cinéastes, quand ils ne racontent pas directement le drame d’Adama, y font toujours référence dans leurs interviews et leurs notes d’intention. Le combat continue aussi à l’écran.
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