Outre le hillbilly, la prière cathodique et le funk, il y a une chose que les Américains savent faire mieux que quiconque, c’est raconter leur vie à la con devant une caméra vidéo (ndlr : ce qui est certes un peu injuste pour Judith Cahen). Personnellement, je les préfère quand ils sont retraités et gagas, […]
Outre le hillbilly, la prière cathodique et le funk, il y a une chose que les Américains savent faire mieux que quiconque, c’est raconter leur vie à la con devant une caméra vidéo (ndlr : ce qui est certes un peu injuste pour Judith Cahen). Personnellement, je les préfère quand ils sont retraités et gagas, le bigoudi alerte et rondouillard sur le cheveu gris mauve assorti à la robe de chambre naphtaline, ou mieux encore, riches avec la piscine aux reflets azur qui ne jure pas avec les yeux de l’infirmière cuissée. Mais ici, rien de cela : ils sont jeunes, blafards, habillés de noir et même parfois bons acteurs dans des films indépendants (The Addiction, par exemple), et ils soliloquent des heures et des heures sur leurs amours perdues, en espérant peut-être qu’Altman les trouvera assez vicelards ou perdus pour les faire jouer dans sa future horreur. Lili Taylor rêve de Magnani dans La Voix humaine de Rossellini (l’espoir fait vivre, après tout) pour une caméra psychiatrique, une oreille, un chou-fleur. Et que vienne la rédemption. Et qu’ils se taisent, surtout. Des choses que je ne t’ai jamais dites… Mais je veux pas les savoir !