Et si, à ne pas écouter ses sentiments, on finissait par ne plus se percevoir soi-même ? Malgré sa facture académique, un film sensible sur l’effacement.En 1858, William Adamson, jeune naturaliste de condition modeste, qui vient de passer dix ans en Amazonie à observer insectes et papillons, fait naufrage pendant son retour vers l’Angleterre. Pris […]
Et si, à ne pas écouter ses sentiments, on finissait par ne plus se percevoir soi-même ? Malgré sa facture académique, un film sensible sur l’effacement.
En 1858, William Adamson, jeune naturaliste de condition modeste, qui vient de passer dix ans en Amazonie à observer insectes et papillons, fait naufrage pendant son retour vers l’Angleterre. Pris sous la protection du révérend Alabaster, il tombe amoureux de sa fille Eugenia. Mais leur mariage va s’enliser dans une confusion qu’Adamson ne maîtrise pas… L’histoire déplace alors ses cadres. Adamson, réfléchi et érudit, s’oppose à Edgar, dandy arrogant et ignorant, et Eugenia, aristocrate inactive à la perversion maladive, à Matty, une parente pauvre et introvertie, recueillie par la famille. Restée hors champ jusqu’ici, Matty va peu à peu décentrer l’œil de la caméra, la faire sortir de la demeure, pour y inscrire son corps, son visage, sa voix. C’est ce glissement progressif vers Matty qui, en altérant la facture académique du film, va lui donner tout son intérêt. Car cette femme brune, secrètement amoureuse, discrète jusqu’à l’effacement, au visage nu et au corps insoupçonnable sous ses lourdes jupes sombres, va offrir à Adamson l’impulsion perdue. « Vous ne m’avez jamais regardée comme une femme », lui dit-elle. « C’est parce que vous n’avez jamais voulu que j’aie cette image de vous« , répond-il. Comme si, à retenir et à enfermer ses sentiments, on finissait par annuler toute perception de soi-même.
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