Un documentaire un peu chichiteux autour du philosophe de la déconstruction.
LE FILM : Au-delà de l’émotion suscitée par la réapparition de Jacques Derrida, par le retour de sa voix, de son visage, de sa pensée vivante, il y a à l’évidence trop d’effets dans ce documentaire, trop de dispositifs techniques, trop de musique de Ryuichi Sakamoto, trop de voix off (un comble), trop de moments anecdotiques aussi qui éclipsent trop souvent sa parole claire et précieuse. Mais au travers de cette rhétorique qui souligne sans cesse son artificialité, le film se vise comme une déconstruction en acte du documentaire, son cinéma vérité et sa “confidence impossible”. Et l’on mesure bien au passage ce que Derrida n’a jamais été : un intellectuel médiatique. Dans les rues de New York, il compare d’ailleurs le caméraman qui le suit partout et ne regarde rien autour de lui à ce philosophe qui a les yeux dans les étoiles mais qui finit par tomber dans un puits. Et à une journaliste américaine qui lui parle de la série Seinfeld, il répond sans complaisance : “La déconstruction ne produit pas de sitcom.”
LE DVD : En bonus, un entretien avec Jacques Derrida par Bernard Stiegler.