Adaptation pittoresque du roman culte de Selby. Vous avez dit académique ?La zone des années 50 américaines vues par un cinéaste allemand, continuateur un peu cheap de Fassbinder (réalisateur de Moi Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée). On ne s’amusera pas à comparer ce film avec le roman légendaire de Selby (même si l’écrivain cautionne […]
Adaptation pittoresque du roman culte de Selby. Vous avez dit académique ?
La zone des années 50 américaines vues par un cinéaste allemand, continuateur un peu cheap de Fassbinder (réalisateur de Moi Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée). On ne s’amusera pas à comparer ce film avec le roman légendaire de Selby (même si l’écrivain cautionne l’adaptation en apparaissant dans un petit rôle de chauffard). Selon une loi non-écrite, les grands livres ne donnent pas de grands films. On remarquera toutefois que, malgré de louables efforts, la folie et la dureté sont restreintes, décoratives.
Chose plus importante : la déglingue morale à une époque plus rigoriste que la nôtre celle du maccarthysme, où l’Amérique flirtait avec le fascisme ne peut être crédible que si un contraste assez important est apporté entre la norme et les déviances par rapport à cette norme. Ce type de décalage n’est pas flagrant ici, où l’on semble avoir transposé des mœurs et un langage contemporains dans un décor rétro (la fête chez les travestis fait d’ailleurs très seventies, ambiance New York Dolls). Qui plus est, cela ressemble souvent à de la caricature sociale. Du John Waters sinistre. Mais finalement tout est édulcoré, aseptisé par la musique (de Mark Knopfler !), par le jeu des acteurs comme Jennifer Jason Leigh, la Huppert américaine, composant un rôle un peu trop évident de Marilyn de caniveau. Bref, tout ça a un petit côté réalisme poétique à la papa. Dans le genre, les films de Kazan tournés à l’époque, quoique beaucoup plus théâtraux, avaient une force et un tranchant dont est incapable Edel, petit faiseur habile. Seul Amos Kollek a pu parfois être un équivalent cinématographique de Selby. Avec son petit programme pépère de visite pittoresque des bas-fonds, cette Sortie est bien trop balisée.
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