17e nomination pour lui, 13 nominations pour elles, les trois monstres sacrés réaffirment la longévité de leur carrière.
Elles se tenaient au coude à coude à la tête du nombre de nominations dans la catégorie du César de la meilleure actrice. L’annonce de la sélection 2016 ne les départagera pas. Isabelle Huppert et Catherine Deneuve décrochent l’une et l’autre leur 13e nomination. Pour Isabelle Huppert, cette nomination fait office de come back. L’actrice n’avait pas été citée dans cette catégorie depuis 10 ans (pour Gabrielle de Patrice Chereau en 2006). Pour Deneuve en revanche, cette 13 nomination prolonge un état de grâce, puisqu’il s’agit de la troisième consécutive (après Elle s’en va en 2014 et Dans la cour en 2015). Huppert a obtenu la statuette une seule fois (en 1996 pour La cérémonie, de Claude Chabrol) et Deneuve deux fois (en 1981 pour Le dernier métro de François Truffaut, puis en 1993 pour Indochine, de Régis Wargnier). Toutes deux sont donc coiffées au poteau par Isabelle Adjani, qui, bien que nommée « seulement » huit fois, fut cinq fois lauréate.
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Signalons que l’une et l’autre furent aussi nommées dans la catégorie Second rôle (deux fois pour Huppert dont en 2013 pour Amour de Haneke ; une fois pour Deneuve dans Palais Royal de Valérie Lemercier en 2006). Mais ni Valley of Love (pour Huppert), ni La Tête haute (pour Deneuve) ne devraient leur valoir une nouvelle victoire. Le rôle de Deneuve est trop peu central dans le film d’Emmanuelle Bercot. Et si Huppert est une fois encore remarquable dans le film de Guillaume Nicloux, sa performance a été moins célébrée que celle de son partenaire masculin. De toute façon, l’actrice a déjà mis toutes les chances de son côté pour une nouvelle nomination l’année prochaine : dans le trimestre qui vient, on la verra dans les nouveaux films très attendus de Mia Hansen-Love (L’avenir, en salles le 6 avril), Pascal Bonitzer (Tout de suite maintenant, en salles le 20 avril) et surtout Paul Verhoeven (Elle, d’après Philippe Djian, probablement à Cannes). La favorite cette année, c’est plutôt Catherine Frot pour Marguerite (le film repose sur elle et a remporté un gros succès public). Sept fois nommée, l’actrice n’a jamais été récompensée. Sa seule véritable concurrente, c’est Soria Zeroual, inconnue jusqu’à Fatima, qui dont la sobre performance a profondément touché les spectateurs du film de Philippe Faucon.
Gérard Depardieu, lui, est le recordman absolu puisque Valley of love lui vaut sa 17eme nomination. Comme Deneuve et Huppert, il était déjà nommé il y a quarante ans à la première Cérémonie des César (en 1976 donc, pour Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio). Il a obtenu le trophée à deux reprises (en 1981 pour Le dernier métro ; en 1991, pour Cyrano de Bergerac). Cela faisait néanmoins cinq ans qu’il n’avait pas été nommé (depuis 2011 pour Mammuth). Si il est particulièrement bouleversant en père défait par le chagrin dans le film de Guillaume Nicloux, il ne compte pas cette année parmi les favoris des pronostics.
En effet, selon la même logique de réparation que pour Catherine Frot (beaucoup de nominations mais zéro statuette), le César du meilleur acteur devrait cette année se jouer entre Fabrice Luchini et Vincent Lindon. L’hermine de Christian Vincent vaut au premier sa cinquième nomination en Meilleur acteur (pour aucune victoire). Mais il fut en revanche trois fois nommés en Meilleur second rôle et une fois laureat en 1994 dans Tout pour ça de Claude Lelouch, film ou justement son partenaire était Vincent Lindon. Pour Lindon, La loi du marché de Stéphane Brizet représente une sixième nomination (et donc lui aussi, aucune victoire). Vu le succès public du film (autour d’un million d’entrées), il part cette fois favori. Mais l’affrontement entre les deux acteurs se double aussi de la compétition entre deux festivals internationaux : d’un côté le lauréat du Prix d’interprétation à Cannes (Lindon), contre le lauréat du Prix d’interprétation à Venise (Luchini). Sur le ring, un troisième combattant a par aussi quelques chances : Vincent Cassel, dont la performance histrionique dans Mon roi de Maïwenn a ses supporters – mais lui a déjà remporté le César du Meilleur acteur, en 2009, pour Mesrine.
Aucune des trois supernovae du cinéma français ne fait donc figure de favori cette année pour obtenir un nouveau sacre. Mais la prodigalité avec laquelle ils continuent d’irriguer de leur superbe le cinéma français, y compris le plus novateur et juvénile (Depardieu et Huppert devraient se retrouver une nouvelle fois l’été prochain sur le tournage du prochain film de Serge Bozon, Madame Hyde), est en soi un miracle.
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