La sortie mondiale ultra guettée du dernier volet de la trilogie Batman par Christopher Nolan, The Dark Knight Rises, est endeuillée par une tuerie survenue hier soir aux Etats-Unis pendant la projection du film. Entre retour de la polémique sur le port d’armes et tournée promo annulée, ce Batman s’annonce sous de très mauvais présages.
Les Etats-Unis se sont réveillés ce vendredi matin avec les images familières d’une tuerie survenue dans un cinéma de la ville d’Aurora, située dans la banlieue de Denver à l’Ouest du pays. Durant l’une des toutes premières projections de minuit du très attendu The Dark Knight Rises, le dernier chapitre de la trilogie Batman de Christopher Nolan, un jeune homme de 24 ans a ouvert le feu dans la nuit à l’intérieur d’une salle bondée, tuant selon les dernières estimations 12 personnes et en blessant 38 autres, a indiqué le chef de la Police d’Aurora, Dan Oates. Interpellé sans incident tout de suite après la fusillade, l’homme n’aurait opposé aucune résistance ni émis aucune revendication, confirmant l’hypothèse pour l’instant retenue par la Maison Blanche d’un tueur isolé, agissant en dehors de toute organisation terroriste.
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C’est peu après minuit que la fusillade aurait éclaté dans la salle comble Century 16 Movie Theater du multiplex situé dans un centre commercial d’Aurora, qui accueille régulièrement ce genre d’opérations promotionnelles très médiatiques organisées par les studios des mois à l’avance. Les premiers témoignages indiquent que le film The Dark Knight Rises avait débuté depuis 20 à 30 minutes lorsque le tueur a d’abord fait usage de ce qui ressemble a priori à une bombe lacrymogène ou un fumigène, provoquant des troubles respiratoires chez certains spectateurs réunis dans la salle. «Ils ont entendu un sifflement, puis une sorte de gaz est apparu et le tireur a ouvert le feu» a précisé le chef de la Police Dan Oates, cité par l’AFP.
Survenue en plein milieu d’une scène de fusillade de The Dark Knight Rises, l’attaque a créé une vaste confusion, avant de tourner à la panique : «On a juste continué à regarder le film pendant un moment », a indiqué un survivant du drame à la chaîne ABC. Plusieurs témoignages recueillis par les télévisions locales rapportent eux aussi ce moment de trouble qui a gagné la salle, où l’obscurité et les bruitages du film ont retardé la prise de conscience des spectateurs. « Certains indiquent n’avoir pas compris tout de suite le drame qui se déroulait » note ainsi l’envoyé spécial de The Denver Channel, Marc Stewart. « J’ai d’abord cru que c’était seulement des pétards (…) a ajouté Chris Jones, un témoin interrogé par une chaîne locale. Des gens ont commencé à s’effondrer. On était sur le sol pour éviter d’être touchés. Le tireur n’avait même pas besoin de recharger. Les tirs partaient sans arrêt ».
Les spectateurs, dont certains ensanglantés, ont ensuite tenté de fuir la salle de cinéma dans des scènes de chaos généralisé filmées par des caméras amateurs et diffusées ce matin sur CNN. Intervenue rapidement sur les lieux, la Police a interpellé sans incident le tireur à l’arrière du multiplex, alors qu’il s’apprêtait à reprendre sa voiture. Il a été arrêté en possession d’un fusil, d’un revolver et d’un masque à gaz –une troisième arme aurait été retrouvée à l’intérieur du cinéma et l’homme portait également un gilet pare-balles, selon certains témoignages. La Police n’a pour l’instant pas tenu à communiquer l’identité ni l’âge des douze victimes, mais elle a donné plus d’informations sur le profil du tueur : James Homes, un habitant de la commune d’Aurora âgé de 24 ans, dont l’appartement, perquisitionné à la suite du drame, avait été piégé par des « engins explosifs sophistiqués ».
Des réactions indignées
Les premières réactions n’ont pas tardé dès l’annonce de la tuerie d’Aurora. En pleine tournée électorale en Floride, le Président des Etats-Unis, Barack Obama, et sa femme, Michelle Obama, se sont ainsi déclarés dans un communiqué « choqués et attristés par la fusillade atroce et tragique au Colorado (…) Nous nous engageons à ce que les responsables rendent des comptes devant la justice, à assurer la sécurité de nos compatriotes et à prendre soin des blessés », a –t-il ajouté, avant d’adresser un message à la Nation: « Comme nous le faisons lorsque nous nous retrouvons face à des moments sombres et difficiles, nous devons nous rassembler, comme une grande famille américaine ». Son concurrent Mitt Romney, candidat républicain aux présidentielles de novembre, a également souhaité dans un communiqué que « le responsable de ce crime terrifiant soit conduit rapidement devant la justice. »
Au cœur de la campagne électorale, ce nouveau drame, survenu à 30 Kms à peine du lycée Columbine, où personne n’a oublié la tuerie de 1999 qui coûta la vie à 13 étudiants, a soudain relancé la question polémique du port d’armes aux Etats-Unis. Le maire de New York, Michael Bloomberg, a immédiatement réagi sur Twitter pour demander aux candidats de clarifier leur position sur ce sujet, alors que Michael Moore (Bowling for Columbine) s’est quant à lui déclaré sur le réseau social « too sad at the moment to comment ». Pour le journaliste Piers Morgan, présentateur vedette de CNN qui s’est exprimé lui aussi sur Twitter, la situation est désormais urgente : « L’Amérique doit faire quelque chose à propos de ses lois sur les armes. Il est temps maintenant ».
Marketing maudit ?
Mais en marge de ces considérations politiques, le massacre d’Aurora aura aussi contrarié les plans marketing de la Warner, déjà confrontée à un accident du destin à l’occasion de la sortie de l’opus 2 de la trilogie Nolan, endeuillé par le décès de son acteur Heath Ledger. Dans un communiqué officiel publié quelques heures après l’annonce du drame, le studio déclarait : « Nous sommes profondément attristés d’apprendre qu’une fusillade a eu lieu. Nous envoyons nos sincères condoléances aux familles et bien-aimés des victimes en ce moment tragique ». Le studio a néanmoins maintenu la grande majorité de ses avant-premières organisées partout aux Etats-Unis sur le modèle d’Aurora, ajoutant par précaution d’importantes mesures de sécurité aux autres projections du film, notamment à New York.
Pensée depuis des mois, réglée dans ses moindres détails (informations dévoilées au compte- gouttes, interviews rares de Christopher Nolan…), la campagne de promotion du film le plus attendu de ces dernières années, et dont l’enjeu commercial se chiffre en millions de dollars, pourrait souffrir de cette soudaine mauvaise image et de ces retards de plannings. En France, où The Dark Knight Rises sort mercredi prochain, l’équipe du film a annulé aujourd’hui sa promo. «TF1 devait recevoir Marion Cotillard et Morgan Freeman au 20 H mais comme la première du film était programmée ce soir, il était convenu d’enregistrer l’interview en fin de matinée. Or, ils ont préféré ne pas maintenir ce plateau» a ainsi indiqué un porte-parole de la première chaîne à l’AFP, qui précise que toute interview est suspendue sine die.
Prévue ce soir au Gaumont des Champs Elysées, l’avant-première du film, en présence de l’équipe, a elle aussi été supprimée, via un communiqué pour le moins lapidaire envoyé aux spectateurs titulaires de billets. Mais une deuxième projection, annoncée samedi soir au cinéma Le Grand Rex, semble bien maintenue selon les dernières informations diffusées sur le compte Facebook de la salle : « Certains le savent, l’avant-première de ce soir de The Dark Knight Rides au Gaumont est annulée suite aux événements tragiques de la nuit dernière. Notre avant-première est, pour l’instant, maintenue. Merci de ne pas nous harceler de questions et de ne pas appeler au Rex car la situation est très tendue. ».
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