L’acteur et réalisateur, notamment de « Easy Rider », est mort ce samedi d’un cancer de la prostate à son domicile de Venice, en Californie. Il avait 74 ans.
On s’y attendait mais ça fait quand même de l’effet. Dennis Hopper est mort, et avec lui, un gros morceau de cinéma et de contre-culture américaine. Le type a quand même débuté dans le sublime Johnny Guitar de Nicholas Ray (1954, non crédité au générique), avant que le même cinéaste ne lui offre ses débuts « officiels » un an plus tard dans La Fureur de vivre, parangon de film culte qui a influencé toute la rock culture.
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Les films cultes, Hopper y était en quelque sorte abonné. A chaud, on peut citer Easy rider (1969), balade de motards scandée par les accords métalliques de Steppenwolf qui incarne encore aujourd’hui les années 60, Apocalypse now (1979), le Vietnam trip movie où Hopper livrait une prestation réellement hallucinée, ou encore Blue Velvet (1984), cauchemard lynchien où il incarnait l’un des « méchants » les plus effrayants de l’histoire du cinéma. On n’oubliera pas non plus le terroriste vicelard de Speed de Jan de Bont (1994).
Un physique cinégénique
Hopper, c’était avant tout un physique cinégénique: corps nerveux, visage finement dessiné et viellissant bien, yeux bleux intenses, regard fulgurant, sourire malicieux. Un beau gosse, comme on dit maintenant, mais qui possédait une dureté, une noirceur, quelque chose de cassé au fond, la capacité à incarner crédiblement des figures du mal ou de la perversité.
Acteur à la centaine de films (Warhol, Corman, Wenders, Sean Penn, Tony Scott…, des chefs-d’œuvres, des nanars, des séries B, des blockbusters…), Dennis Hopper était aussi réalisateur à ses heures, et pas des moindres.
S’étant fait les dents avec Easy rider (coup d’essai, coup de maître), il a ensuite signé le très expérimental Last movie (1971, du Wenders sous acide), le très noir Out of the blue (1980), puis Colors (1988) qui portera à la connaissance du grand public la question des rivalités de gangs de Los Angeles, ou encore Hot spot (1990), un film noir érotique et poisseux sous influence James Cain mis en musique par Miles Davis et John Lee Hooker.
Un fils de fermiers venant du trou du cul des Etats-Unis
Comme le montrait une belle rétrospective totale organisée par la Cinémathèque il y a quelques mois, Dennis Hopper était aussi artiste (plutôt suiviste que majeur), et photographe (assez intéressant). C’est à cette occasion qu’on l’avait rencontré: un papy gentleman, élégant et courtois, modeste et disponible, étonné par la dimension mythique de son parcours et par la chance qui lui avait fait faire les bonnes rencontres au bon moment tout au long de sa vie.
Issu d’une modeste famille du Kansas, Dennis Hopper a su faire de sa vie une œuvre d’art, saisissant les opportunités, croisant les années 60 et les artistes qui comptaient de New York à Los Angeles. C’est ainsi qu’un fils de fermiers venant du trou du cul des Etats-Unis, au départ sans talent particulier et dépourvu de réseau, est devenu une icône endurante des sixties et de la contre-culture.
De ce point de vue, son parcours et son œuvre sont une histoire américaine emblématique, celle d’un lieu et d’une époque où tout était possible. Il venait d’avoir son étoile gravée dans le trottoir d’Hollywood Bvd. Il était temps.
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