Petite anthologie des plus belles scènes d’amour au cinéma sur la plage ou dans l’eau.
Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann (1953)
Le film de Fred Zinnemann, aussi réalisateur du Train sifflera trois fois, est surtout resté dans l’histoire du cinéma pour cette scène d’anthologie où un adjudant américain stationné à Hawaï, à la veille de l’attaque japonaise de Pearl Harbor qui va précipiter l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, se roule dans les vagues déchaînées du Pacifique avec son épouse passionnée. Précisons que le soldat est Burt Lancaster et son épouse Deborah Kerr, et l’on comprendra à quel point la scène est mémorable. D’autant plus qu’elle est très longue.
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On se demande – avec joie bien sûr – comment la censure a pu laisser passer un tel déchaînement sensuel. Cette scène est par ailleurs pastichée dans Airplane (Y a-t-il un pilote dans l’avion ?), en 1980, réalisé par les frères Zucker et Jim Abrahams. Les deux amoureux, en se roulant dans les vagues, finissent recouverts d’algues (on aperçoit même une sorte de vague poisson-chat hideux patauger à quelques centimètres d’eux).
Monika d’Ingmar Bergman (1953)
Dans les années 1950, les films suédois étaient un peu tous vendus en France comme des films d’abord érotiques, notamment parce que nos amis du nord étaient moins pudiques et plus libérés sexuellement que nous. Sans doute la raison pour laquelle le film d’Ingmar Bergman, qui n’est pas qu’un film érotique, fut distribué en France sous le titre de Monika et le désir…
Le film raconte l’histoire de deux très jeunes prolétaires, Monika et Harry, qui, sur un coup de tête, font une escapade sur une île et jouent les Robinson Crusoé. Coupés du monde, vivants à moitié nus, ils connaissent un vrai moment de liberté et font l’amour (plutôt sur des rochers lisses que sur la plage, pour être honnête). Le retour à la réalité sera rude – Monika (la géniale et sensuelle Harriet Andersson, qu’on reverra souvent chez Bergman) tombe enceinte et trompe Harry. Un très beau film (célèbre pour son regard caméra final qui fascina tant Godard et Truffaut.
Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim (1956)
Inutile de rappeler que c’est le film qui a déclenché le phénomène mondial que fut Brigitte Bardot. Elle y apparaît plusieurs fois nue, et surtout très libre sexuellement (un film qu’adoraient les Jeunes Turcs de la Nouvelle Vague justement pour cette liberté inédite au cinéma).
Dans l’une des scènes les plus belles de ce film qui a quand même pris un coup de vieux, BB se roule dans le sable avec Jean-Louis Trintignant. Elle a eu avec lui une liaison avant qu’il ne la trouve un soir, en rentrant chez eux sans prévenir, dans leur lit avec le chanteur Gilbert Bécaud, alors une grande vedette. Mais c’est une autre histoire.
Été violent de Valerio Zurlini (1959)
Le même Trintignant joue le rôle de Carlo, un jeune homme futile, fils d’un potentat fasciste. C’est l’été 1943 et le régime est sur le déclin, mais le jeune homme s’éclate avec ses ami·es dans la villa familiale de Riccione, la ville balnéaire où tous les notables mussoliniens passaient leur vacances. Les jeunes gens s’amusent, se draguent, comme tous les jeunes gens, indifférents à la guerre.
Et puis Carlo rencontre Roberta (la sublime Eleonora Rossi Drago), la veuve d’un officier mort à la guerre, qui a une petite fille et s’ennuie, surveillée de près par son antipathique belle-mère. Ils vont tomber amoureux l’un de l’autre, et Carlo mûrir en prenant conscience des horreurs de la guerre. Les deux amants scandaleux se retrouvent à plusieurs reprises sur une plage. L’un des plus beaux films de Zurlini, auteur de La Fille à la valise et de Journal intime, deux films avec Jacques Perrin, sorte de petit frère de cinéma de Trintignant.
Hôtel des Amériques d’André Téchiné (1981)
L’un des plus beaux films de Téchiné, avec Catherine Deneuve et Patrick Dewaere, tourné à Biarritz, hors saison. Hélène, anesthésiste, rencontre par hasard Gilles en le renversant avec sa voiture. Une histoire passionnée, un amour impossible (son compagnon, son grand amour, est mort un an plus tôt) naît entre eux. C’est sur une plage que les deux amants succombent pour la première fois à leur désir.
L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie (2013)
Ici, la plage est naturiste et borde un lac lumineux. C’est un lieu de rendez-vous pour les gays, qui vivent leur sexualité entre les arbres ou dans les fourrés. On dit aussi que le lac est hanté par un silure mystérieux. Un jour, Franck (Pierre Deladonchamps) assiste de loin à un crime : le beau Michel (Christophe Paou) noie son amant. Franck, apeuré mais encore plus attiré par Michel, ne le dénonce pas. Un film à la fois policier, un peu fantastique, sur la loi du désir, dans ce style unique, mélange de trivialité, de poésie et d’humour qui est la marque du cinéma de Guiraudie. Un grand film.
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