Portrait généreux d’une vieille putain truculente.
Le cinéma de Nadir Moknèche est un cinéma de famille qui ne se conçoit pas sans pléthore de personnages hauts en couleur. Ceux-ci passent leur temps à s’engueuler mais ont compris que c’est dans l’union qu’ils seront les plus forts, malgré les dépendances malsaines que cela implique. A la tête de cette joyeuse troupe, Madame Aldjéria, femme d’âge mûr à l’expression fière (Biyouna). Serait-elle l’incarnation de l’Algérie d’aujourd’hui ? En quelque sorte, même si Nadir Moknèche ne manie pas pesamment les symboles et préfère de toute évidence composer avec une matière plus vivante qu’allégorique. Mais il est tout de même question, à travers ce personnage de magouilleuse, de dresser un portrait de l’Algérie d’après le terrorisme, de rendre compte de la manière dont l’argent circule, dont les gens bidouillent, de comment ils peuvent s’en sortir. Il y a du Almodóvar dans ce personnage de putain butée, actrice jusqu’au bout des ongles et peau de vache hors pair, mais le film ne développe pas un sens du récit aussi raffiné que chez le cinéaste espagnol. A la truculence et au plaisir de jouer, on regrette également de ne pas voir se mêler une forme romanesque aboutie, manque cruel qui altère inévitablement la saveur et l’émotion de ce généreux Délice Paloma.
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