Vincent Dieutre filme des apprentis comédiens qui jouent à la téléréalité.
Après Fragments sur la grâce, Rome désolée ou Leçons de ténèbres, voici Déchirés/Graves… Vincent Dieutre ferait-il une crise de jeunisme ? Aurait-il tourné un film branché ?
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Pas vraiment, mais un peu tout de même. Le titre, satirique, est trompeur ; il ne s’agit en fait que de filmer des exercices d’élèves du Théâtre national
de Bretagne. Exercices de style sous forme de monologues écrits et interprétés par huit étudiants devant la caméra de Dieutre. Alors, et ce jeunisme ?
Il s’insinue à la fois par la musique et les sujets choisis, s’inspirant “de la téléralité la plus trash” (Dieutre) : masseur-prostitué, bimbo narcissique, gothique grave, gay marié, etc. C’est indéniablement un film de Dieutre, notamment par ses nombreux et superbes paysages urbains (de Rennes), qui sont sa signature, et un tout petit peu par sa voix off, rare et facultative.
Pas l’ombre ici de l’autofiction qui fonde habituellement son cinéma (tout juste hasarde-t-il qu’il a amorcé une vague relation avec un électricien). Le cinéaste sort hors de son pré carré mais ça ne produit pas grand-chose. Caricaturant la télé trash, ces apprentis-comédiens, à une ou deux exceptions près, ne font qu’en reproduire les tics.
Déchirés/Graves est une sorte de version arty de Nouvelle Star ou The Voice, malgré les plans de ville soigneusement distanciés (dont certains illustrent pourtant les propos des candidats), et une volonté d’intégrer au processus quelques éléments extérieurs, comme l’annonce des résultats de la présidentielle de 2012. On n’apprend rien sur la personnalité de ces jeunes gens, ni sur leur travail.
Dieutre semble se contenter d’appliquer sa grille (sa griffe) à une œuvre de quasi-commande sans se l’approprier franchement. Un simple entracte ?
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