Figure adulée des cinéphiles adeptes de cinéma bis mais aussi de certains des plus grands réalisateurs de fantastique ou d’horreur, Herschell Gordon Lewis, inventeur du film gore, est décédé hier à l’âge de 87 ans. Retour sur une oeuvre au parfum de secret licencieux encore méconnue.
Orgie Sanglante, 2000 maniaques, The Wizard of Gore, The Gore Gore Girls… Si ces titres au doux parfum de nanars saupoudrés d’érotisme et aspergés de sang ne vous évoquent sûrement rien, il font partie de la longue liste de splatters, slachers et autres objets filmiques à la limite du supportable qui ont fait la gloire d’Herschell Gordon Lewis à partir des années 60. Surnommé par ses admirateurs « le pape (ou le parrain) du gore« , le cinéaste, scénariste, chef opérateur, producteur, acteur et compositeur américain, décéde à l’âge de 87 ans, a fait les grandes heures des séances de minuit, Grindhouse cinémas et autres Drive in déviants. Son oeuvre pittoresque, entamée après une première vie dans le cinéma d’exploitation érotique (les Nudies), a inspiré aussi bien Ruggero Deodato pour son Cannibal Holocaust que les farces macabres et outrancières de Sam Raimi (la série des Evil Dead) et Peter Jackson (Braindead).
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Entre démembrements à la pelle, hectolitres de sang versés et victimes ostensiblement dénudé(e)s, retour sur trois œuvres phares d’une carrière placée sous le sceau de l’exploitation, de la provocation et du bis.
Blood Feast (1963), une pierre dans la mare de l’Amérique bienséante des 60’s
Un traiteur est engagé pour concocter un somptueux festin pour l’anniversaire d’une fille de famille fortunée. Mais le roi des fourneaux, adorateur secret de la déesse Ishtar, décide de lui rendre hommage en sélectionnant ses ingrédients non pas au marché mais sur les corps fraîchement découpés de jeunes vierges qu’il capture et sacrifie… L’inspecteur Peter Thornthon, amant de la reine de la fête, décide de mener l’enquête pour stopper les meurtres.
Farce macabre aux fulgurances graphiques étonnantes, le film, tourné en équipe réduite et de manière extrêmement artisanale, a choqué le pays à sa sortie tout en remportant un franc succès. Son alliage de violence décomplexée et carnavalesque et son sens du kitsch savamment maîtrisé ont notamment inspirés George Romero pour La Nuit des morts vivants.
2000 maniacs (1964), une communauté de fous sanguinaires
Une petite ville du sud des Etats-Unis célèbre son centenaire dans la joie et l’allégresse. Au programme des réjouissances : tortures en tous genres de touristes du nord du pays, capturés pour l’occasion…
Longtemps interdit en France, ce film, le préféré de son réalisateur, s’abreuve aux mêmes mamelles du sexe et de la violence graphique, et déploie une mise en scène entre frontalité primitive et fulgurances quasi-expérimentales. Dérangeant et provocateur, dégoûtant et jouissif, 2000 maniacs offre à l’Amérique encore secouée par l’assassinat de Kennedy un shot de gore proprement délirant.
The Wizard of Gore (1967), vrai ou faux sang ?
Un magicien choisit des femmes dans son public avant de les charcuter en direct sur scène face à la foule ébahie. Si un tour habile est à la base de ces visions cauchemardesque, le mystère naît quand les cobayes meurent les unes après les autres à la suite de ses spectacles. Ces « prouesses » attirent la convoitise d’un présentateur télé, tout en suscitant la méfiance de son ami journaliste.
Ici, l’exposition de crimes à la limite du soutenable se double d’une réflexion habile sur la violence inhérente à l’industrie du spectacle, ouvrant le gore graphique du cinéaste aux vents d’une ambition méta.
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