Un quatrième film choral attachant qui s’éparpille un peu trop dans des vignettes.
Depuis 2 Automnes 3 Hivers, troisième long métrage qui a fait de lui l’un des visages d’un jeune cinéma français, éclos en 2013 avec les sorties simultanées de premiers films stimulants (La Fille du 14 Juillet, La Bataille de Solférino, Les Rencontres d’après minuit), le projet de Sébastien Betbeder est sensiblement le même : révéler les tracas existentiels et sentimentaux de jeunes trentenaires. Cinéma de bande, l’œuvre de Betbeder héberge des solitudes pour mieux les réunir dans des aventures parsemées aux quatre coins du globe – des Buttes-Chaumont au Groenland.
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Debout sur la montagne est aussi un film de groupe, celui que la mort du frère d’un de ses membres, Hugo (saisissant et trop rare Bastien Bouillon), aura permis de recoller, près de quinze ans après son explosion inexpliquée. Mais ici, comme souvent, cette composition chorale, pourtant attachante, se rétrécit en vignettes dans lesquelles, certes, résonnent les désordres d’une génération désabusée (la campagne comme refuge, les attentats de Paris, la reconversion professionnelle), mais dont la multiplication des points de vue et l’artifice proclamé de son cadre finit par effriter son tissu sensible.
Non exempt de belles trouvailles (c’est aussi l’histoire d’un petit garçon qui, à 9 ans, « a cru que l’amour ça faisait mourir »), hélas trop souvent réduites à une ligne de scénario, le film est surchargé d’ingrédients censés produire une espèce d’incongruité poétique. Il finit par ressembler à un récit-patate chaude qui, fatigué de passer de main en main, finit par atterrir dans des bras (ceux des personnages et les nôtres) qui ne savent plus trop bien quoi en faire.
Debout sur la montagne de Sébastien Betbeder, avec William Lebghil, Izia Higelin, Bastien Bouillon, Jérémie Elkaïm (Fr., 2019, 1 h 48)
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