Dans Libération ce 12 novembre, plusieurs centaines de cinéastes signent une tribune contre cette proposition de loi dont un volet prévoit d’empêcher de diffuser des images de policiers non floutées.
En pleine crise sanitaire, et quasi deux ans après le déclenchement du mouvement des Gilets jaunes, qui a mis en lumière les dérives policières à grande échelle, une proposition de loi pourrait rendre illégale la diffusion d’images de policiers en action, si leur visage n’est pas flouté. C’est en effet ce que prévoir la loi “Sécurité globale”. Alors que le film de David Dufresne, Un pays qui se tient sage, sorti peu de temps avant le deuxième confinement, mettait en évidence la nécessité de ces images, des centaines de cinéastes prennent position dans Libération ce 12 novembre.
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“Nos libertés fondamentales sont gravement menacées”
“Cette loi, dont le rédacteur principal est l’ancien chef du Raid, préfigure une société gouvernée par la peur où les citoyen·ne·s, privé·e·s du droit de porter un regard sur les agissements de la police, verraient en retour leurs corps exposés sans limite à la surveillance des forces de l’ordre”, écrivent-ils·elles. Et de poursuivre : “Elle dessine un paysage asymétrique, sorte de panoptique géant, où nos libertés fondamentales sont gravement menacées, en premier lieu le droit à la vie privée et la liberté d’information.”
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Parmi les signataires figurent la Société des réalisateurs de films (SRF), et des centaines de cinéastes dont Jeanne Balibar, Matthieu Bareyre, Frank Beauvais, Lucas Belvaux, Yann Gonzalez, Cédric Klapisch, Virginie Linhart, Gérard Mordillat, Antonin Peretjatko, Pierre Salvadori ou encore Ruth Zylberman.
Un appel aux député·es à ne pas voter la loi
Leurs revendications rejoignent l’édito que nous avions publié à l’occasion d’un numéro consacré précisément à ces questions le 23 septembre : “Dans une allocution à l’Ecole nationale supérieure de la police en juin dernier, l’ex-ministre de l’Intérieur Christophe Castaner parlait de ‘la tyrannie des images volées’ pour décrire la supposée nuisance de ces vidéos documentant les conditions du maintien de l’ordre. En voyant le film de Dufresne, on se dit que ces images ont été rendues plutôt que volées.”
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Ils·elles appellent en conclusion les député·es à ne pas voter cette proposition de loi : “Après avoir nié et invariablement refusé de sanctionner les violences policières, il s’agit d’en effacer toute preuve, dans la mesure où seules les images tournées par des filmeurs anonymes permettent aujourd’hui d’en témoigner.”
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