Elle est sidérante en danseuse étoile schizophrène et mutante dans le film de Darren Aronofsky, et semble en route pour l’oscar. De « Léon » à « Black Swan », les métamorphoses de Natalie Portman.
[attachment id=298]Révélée
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Natalie Portman a 12 ans lorsque Luc Besson fait d’elle la petite puce accrochée au pelage de l’ours Jean Reno dans Léon. A l’époque, le film dérange parce qu’un tueur à gages y enseigne les techniques du tir d’élite à une enfant rescapée du massacre de sa famille par un gang et qui a bien l’intention de venger les siens. Aujourd’hui, le plus troublant est plutôt l’étonnante érotisation par Besson d’une fillette qui, à force de déambulation en petite culotte et moues photogéniques, tient plus de Lolita que de Cosette.
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[attachment id=298]Abandonnée
Léon mène la comédienne vers une adolescence laborieuse où s’enchaînent les seconds rôles dans des films de premier plan. Dans Heat (Michael Mann, 1995), elle a pour beau-père Al Pacino, mais se désole que son père biologique la néglige. Désespérée, elle se taille les veines dans une baignore. Dans Mars Attacks! (Tim Burton, 1996), elle est la fille du couple présidentiel Jack Nicholson-Glenn Close et voit ses parents (parmi des millions d’humains) massacrés avec allégresse par des Martiens aussi cruels que farceurs.
Chez Besson, Mann ou Burton, c’est donc toujours le drame de l’abandon que rejoue la très jeune fille. La nouvelle triologie Star Wars la propulse à 17 ans vers les rôles adultes. Mais justement un peu trop vite. Dans l’épisode 1, elle assiste (encore) à un génocide, celui du peuple Naboo, dont elle est la reine, par d’affreux drones du côté obscur de la Force. Fine diplomate, la jeune souveraine en exil secoue ciels et planètes pour que les forces de la République interviennent. Natalie Portman, une innocente toujours déflorée par l’horreur du monde, une frêle personne toujours contrainte d’assumer des responsabilités qui l’expulsent précocément de l’enfance.
[attachment id=298]Dénudée
Star Wars fait de la jeune actrice une star. Reste à gagner la reconnaissance. Elle vient très tôt grâce au vieux routier du film psychologique US, Mike Nichols (Le Lauréat). Dans Closer, elle incarne une jeune stripteaseuse un peu fruste qui vit avec Jude Law et frétille du cul en string sous le nez de Clive Owen. Après les lourds oripeaux de la princesse Amidala, Natalie rappelle qu’elle a un corps et tout le monde convient que ça lui va bien : premier Golden Globe et première nomination à l’oscar (les deux en second rôle).
[attachment id=298]Meurtrie
Après avoir bénéficié pendant six ans de la caravane tout confort Star Wars, miss Portman semble avoir envie de prendre des risques. Elle accepte par exemple ce très curieux premier long métrage d’un assistant réal de L’Attaque des clones, produit par les Wachowski et à revers du spectaculaire hollywoodien, V pour vendetta. Dans cette fable politique sur le fascisme, l’actrice incarne, cheveux rasés, la mémoire de tous les crimes contre l’humanité dans un film hanté par la Shoah. Une question qui prend un sens biographique particulier pour cette jeune femme, dont les arrièregrands-parents sont morts à Auschwitz, qui est née à Jérusalem et qui, entre deux Star Wars, y est retournée un semestre pour apprendre l’hébreu.
[attachment id=298]Aventureuse
Cet attachement à Israël est possiblement une des raisons qui a conduit la star hollywoodienne à accepter le road-movie d’Amos Gitai, tourné à la frontière jordanienne. Mais c’est plus généralement un goût de l’actrice pour les cinéastes d’origine étrangère. En 2007, elle enchaîne la coproduction internationale de Milos Forman (Les Fantômes de Goya, où elle donne la réplique à Javier Bardem et Michael Lonsdale) et Wong Kar-wai (My Blueberry Nights) où elle fait merveille en aventurière experte en poker et toujours prête à tout flamber.
[attachment id=298]Magnétique
Deux amants, las et désoeuvrés, se retrouvent dans l’élégante chambre d’un grand hôtel parisien. La vue donne sur un avantageux bouquet de toits haussmanniens ; l’iPod joue en boucle une chanson charmante et kitsch avec couplets en français ; Natalie Portman et Jason Schwartzman sont les très glamours Américains à Paris de ce chromo ironique et stylé (Hôtel Chevalier de Wes Anderson). Où Natalie Portman s’accoude entièrement nue à un buffet.
[attachment id=298]Accomplie
A 29 ans, elle trouve le rôle de sa vie avec un personnage censé avoir dix ans de moins qu’elle. Elle parvient à ressusciter en elle une juvénilité de bébé, une candeur enfantine, mais qu’elle nuance d’une inquiétude paroxystique dans Black Swan. Quelque chose va craquer dans ce corps dressé pour accomplir des performances hors limites. Et avec une virtuosité ébouriffante, elle transforme le moindre tressaillement de muscle en pressentiment d’un cataclysme. En route pour l’oscar.
Jean-Marc Lalanne
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