« Birdman », le nouveau film d’Alejandro Gonzalez Iñárritu, a triomphé aux Oscars. Récompensé par 4 statuettes (Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario Original, Meilleure Photographie), il permet à Michael Keaton d’opérer son grand come-back sur le devant de la scène.
Une explosion au début des années 90
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De son vrai nom Michael Douglas (nom qu’il devra changer au début de sa carrière au profit d’un clin d’œil à Buster Keaton, afin de ne pas prêter à confusion avec l’autre Michael), Michael Keaton commence par tourner bon nombre de comédies plus ou moins réussies dans les années 80. Après des débuts difficiles, c’est à l’orée des années 90 que sa carrière explose réellement. En 1988, Tim Burton le repère et lui offre le rôle titre de son nouveau film Beetlejuice. Il a alors 37 ans (déjà !) et ce rôle de composition à base de maquillage blanc, de perruque verte et de pantalon rayé noir et blanc marquera toute une génération de jeunes spectateurs.
L’année suivante, c’est à nouveau Tim Burton qui le choisit afin de revêtir le costume du plus célèbre super-héros américain: Batman. La Warner est réticente dans un premier temps, Keaton a une étiquette qui lui colle à la peau, celle d’acteur de comédies. Mais Burton est ferme : ce sera lui et personne d’autre. Le studio accepte à contrecœur, avant de se rendre compte que Keaton est parfait pour le rôle. Burton le rappellera pour le second opus de Batman, Batman Returns en 1992. Keaton refusera, par la suite, de renquiller pour le troisième épisode de la saga (Batman Forever, de Joel Schumacher, 1995), suite à un différend sur le montant de son cachet. Ce sera Val Kilmer qui sera choisi pour porter le masque du super-héros.
En 1997, c’est un autre réalisateur phare du moment, Quentin Tarantino, qui lui offre le rôle d’un agent du FBI, Ray Nicolette, dans Jackie Brown, au côté de Pam Grier et Samuel L. Jackson. Rôle qu’il reprendra en guise de clin d’œil dans Out of Sight de Steven Soderbergh, adaptation d’un roman d’Elmore Leonard, déjà auteur du livre servant de base à Jackie Brown. Finalement, Michael Keaton n’aura eu dans les années 90 que peu de rôles intéressants, mais ce seront ces rôles-ci, éclatants et marquants, sous l’égide de grands réalisateurs en vogue, dont le public se souviendra.
Une lente descente vers l’oubli
Outre ces succès flamboyants, Michael Keaton enchaîne les rôles dans une multiplicité de films aux genres variés : des comédies telles que The Dream Team de Howard Zieff (1989) ou encore le très bon Multiplicity d’Harold Ramis (1996), des drames comme dans My Life de Bruce Joel Rubin (1993) dans lequel il joue un homme atteint d’un cancer, ou encore des thrillers où il campe des rôles de fous dangereux (Pacific Heights de John Schlesinger, 1990 ; Desperate Measures de Barbet Schroeder, 1998). Malgré un jeu d’acteur riche et une capacité à passer d’un rôle à un autre, Michael Keaton fait des choix de carrière étranges, se dirigeant vers des films assez familiaux (Herbie: Fully Loaded de Angela Robinson, avec Lindsay Lohan), dévaluant son image et acquérant au passage un statut de néo-has been. Keaton tombe peu à peu dans l’oubli dès le début des années 2000. Sa discrétion est telle que Barack Obama, grand fan de Beetlejuice, lui demandera lors d’une rencontre avec lui au sujet de l’environnement : “Why don’t you make more movies?” quelques temps avant de devenir président des Etats-Unis.
Il tournera alors de nombreux films DTV (direct-to-video) et jouera des rôles de second plan, avant de finalement se lancer dans la voxographie : Porco Rosso de Hayao Miyazaki (1995), Cars de John Lasseter (2005), Toy Story 3 de Lee Unkrich (2010). Parallèlement à cela, il se tourne vers la télévision, devenant dès 1988 l’un des animateurs préférés des Français, en animant tous les soirs Questions pour un champion, sur France 3.
Un retour sur le devant de la scène et un couronnement tardif
Son come-back en grande pompe, il le fait sous l’œil d’Alejandro Gonzalez Iñárritu, dans Birdman. Le film raconte l’histoire de Riggan Thomson, star déchue connue pour avoir joué un super-héros, qui décide de revenir à Broadway pour monter une pièce de théâtre tiré d’un roman de Raymond Carver : What We Talk about When We Talk about Love, et ainsi tenter de retrouver sa gloire d’antan. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Birdman entre étrangement en résonance avec la vie de son acteur principal, ex-interprète de Batman, même si ce dernier préfère dire que ce rôle correspond bien plus à Iñárritu qu’à lui-même.
http://youtu.be/GffRMZtgOUM
Bien que récompensé dans de nombreux petits festivals (Washington DC Area Film Critics Association Awards 2014, National Board of Review Awards 2014…) et une grande cérémonie (Golden Globes 2015), l’Oscar du meilleur acteur lui passe sous le nez, décerné à Eddie Redmayne pour son rôle dans A Theory of Everything, de James Marsh. Le succès de Birdman dans les salles américaines (près de 38 millions de dollars de recettes jusqu’à maintenant) et le buzz positif autour du film laissent présager un succès similaire en France dès sa sortie en salle, le 25 février prochain.
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