Philip Ridley, peintre, auteur dramatique et romancier, s’est fait connaître comme cinéaste avec L’Enfant miroir, film controversé qui déclinait déjà son thème de prédilection : “quelqu’un qui crie”. Pour son second film, on s’attend donc à un équivalent cinématographique du fameux tableau du Norvégien Edvard Munch. Dommage, ça n’a rien à voir. Qu’à cela ne […]
Philip Ridley, peintre, auteur dramatique et romancier, s’est fait connaître comme cinéaste avec L’Enfant miroir, film controversé qui déclinait déjà son thème de prédilection : « quelqu’un qui crie ». Pour son second film, on s’attend donc à un équivalent cinématographique du fameux tableau du Norvégien Edvard Munch. Dommage, ça n’a rien à voir. Qu’à cela ne tienne, une autre piste est donnée par l’auteur lui-même, décidément très serviable, qui qualifie son cinéma d’« horreur gothique ».
Soit un gros garçon genre mormon, nommé Darkly, qu’on sent tout de suite très très fatigué. Quand on dit fatigué, c’est qu’il voit perchés dans les arbres ses parents morts ce qu’attestent un trou de balle au milieu du front ainsi qu’un subtil dégradé gris-vert en guise de maquillage. En fait, le chérubin s’est échappé d’une secte, et les apparitions de ses parents le rappellent régulièrement à l’ordre. Surtout lorsqu’il tombe sur Callie (Ashley Judd), « beauté édénique débordante de sensualité animale », selon le dossier de presse. Bref, la fille naturelle des deux SF (Samantha Fox et Sophie Favier), doublée d’une Ophélie Winter. Chaude donc, mais gentille. Tellement gentille que Darkly commence à avoir des idées. Du coup, il se punit en se confectionnant des sous-vêtements en fil de fer barbelé… Arrêt sur image : voilà une scène qui en rappelle une autre. Celle où Depardieu/Donissan s’envoyait des coups de fouet dans Sous le soleil de Satan. Seulement chez Pialat, la mortification physique avait des prolongements métaphysiques. On en est bien loin ici. Ridley ne ménage pas la moindre ellipse. Plutôt que de laisser le spectateur s’angoisser tout seul en redoutant la montée de la démence dans ce grand corps malade, il montre tout, et même plus. C’est à la fois frustrant pour le spectateur et suicidaire pour le film. Très vite, on devine jusqu’où ira Darkly. Et les images de sa « descente aux enfers » ne provoquent pas la moindre surprise. Partagé entre l’assoupissement et le ricanement, on ne frôle même pas l’écœurement sans doute l’un des buts visés. Traitée aussi lourdement, la fable n’a aucune portée. Quoi qu’en pense Philip Ridley, l’excès ne paie pas, à moins d’avoir les visions uniques d’un David Lynch ou l’épaisseur de cinéaste d’un Brian De Palma.
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