Joachim Lafosse nous offre une une chronique éclairée bien qu’un peu didactique portée par son duo d’acteur et actrice.
C’est dans l’ADN du cinéma de Joachim Lafosse d’aimer les situations conjugales et familiales borderline, voire extrêmes, et le thème d’un homme atteint de bipolarité, consistant en une alternance de phases maniaques et dépressives, offrait un bon champ fictif à débroussailler. Un peu trop, peut-être…
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Ainsi, quand on débarque dans le quotidien d’un artiste (Damien Bonnard) en pleine suractivité, jusqu’à ne plus dormir et mettre son jeune fils et sa compagne en danger (Leïla Bekhti, en mode craquage) avant l’effondrement catatonique, tout semble presque trop fléché. Impression que le cinéaste belge colle trop à son sujet – deux phases de récit pour deux états psychiques, up et down. La déviance paraît prévisible.
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Cependant, le récit opère en sous-main de réelles déflagrations, qui tiennent autant au jeu dément de l’acteur révélé chez Guiraudie (grand corps en mode toupie, maladroit et menaçant) qu’à certains motifs récurrents de mise en scène – celui de la mer, notamment, comme si cet élément liquide, qui ouvre et referme le film, était le seul environnement viable pour le personnage qui s’ébroue sans cesse dans l’eau.
Société trop normative ?
La recherche d’absence de limites étant l’aspiration même de cette maladie, Les Intranquilles dit aussi combien les cadres réglementés sont légion dans nos existences, et que Damien ne serait probablement pas si fou s’il n’y avait pas tant de lois et de contraintes sociales à transgresser. Si bien que Les Intranquilles ne porte peut-être pas tant sur cet être d’excès qui écoute ses pulsions, mais sur la société normative qui consacre sa vie et s’épuise à domestiquer les siennes.
On aurait aimé un personnage féminin moins revêche et plus nuancé, mais l’engagement total de Bekhti dans ce rôle pas facile de garde-malade offre une troisième partie pertinente sur l’état de suspicion paranoïaque des proches face à cette pathologie dont, comme d’un pays lointain, on ne revient pas.
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Les Intranquilles de Joachim Lafosse avec Leïla Bekhti, Damien Bonnard (Fr., 2021, 1h58). En salle le 29 septembre.
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