La Québecoise réalise un teen movie empli de sensualité et d’étrangetés, inspiré par une BD de Bastien Vivès.
Pourquoi les plus grands films sur l’adolescence (Virgin Suicides, Elephant, Stand by Me, Paranoid Park, La Fureur de vivre, Les Quatre Cents Coups) ont-ils pour horizon la mort ? En regardant Falcon Lake, le premier film de Charlotte Le Bon présenté à la dernière Quinzaine des cinéastes, on est soudain frappé·e par une réponse : parce que l’adolescent·e est un·e mort·e-vivant·e transitoire, un fantôme passager, bref une créature fantastique qui n’appartient plus au royaume des enfants mais pas encore à celui des adultes.
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Le temps suspendu des vacances d’été
Endeuillé·e par la perte de son moi enfant et en quête de sa future identité d’adulte, travaillé·e par les tourments d’une libido naissante et pris·e d’un étrange mal-être, l’adolescent·e erre dans un entre-monde fait de premières fois plus ou moins réussies, de frustrations, de moqueries, de peur, d’hésitations et de désirs. Tout et rien n’y est possible à la fois.
Bien qu’à la longue redondant, Falcon Lake réussit à filmer cet entre-monde à l’os de son inquiétante étrangeté et de son pouvoir de fascination. Durant le temps suspendu des vacances d’été, Chloé et Bastien se tournent autour sur les bords d’un lac québécois, à l’orée d’une épaisse forêt. Inspiré de la bande dessinée de Bastien Vivès Une sœur (2017), le film déplie les âpres charmes de l’adolescence avec une infinie douceur, ponctuée de scènes érotiques d’une rare intensité.
Falcon Lake de Charlotte Le Bon, avec Joseph Engel, Monia Chokri, Arthur Igual (Fr., Can., 2022, 1 h 40). En salle le 7 décembre.
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