Faut-il vraiment faire confiance à “Barbie” ? Selon l’étude de l’Annenberg Inclusion Initiative, qui a examiné le casting des plus gros succès en salle aux États-Unis l’année dernière, les femmes têtes d’affiche restent minoritaires.
Le triomphe de Barbie de Greta Gerwig pourrait bien être trompeur. D’après l’étude annuelle de l’Annenberg Inclusion Initiative (ALL), rapportée par The Hollywood Reporter, seulement 30% des plus gros succès aux États-Unis ont représenté en 2023 un premier rôle féminin. Il s’agit du moins bon chiffre depuis dix ans, selon les données récoltées chaque année depuis la création de cette étude en 2007. On observe ainsi une chute significative par rapport aux 44% enregistrés en 2022.
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“Un recul catastrophique pour les femmes dans le cinéma.”
Dans un communiqué, Stacy L. Smith, la fondatrice de ALL, s’alerte : “Il s’agit d’un recul catastrophique pour les femmes dans le cinéma. Ces chiffres sont plus qu’une simple mesure de la fréquence à laquelle les femmes occupent les rôles principaux. Ils sont représentatifs des opportunités de carrière offertes aux femmes dans l’industrie…. Même en examinant les films qui ont été reportés à 2024 en raison de la grève, nous ne pouvons pas expliquer l’effondrement du nombre de femmes dans les rôles principaux en 2023, si ce n’est en disant qu’il s’agit d’un échec de l’industrie.”
Cette inégalité est d’autant plus criante lorsqu’on observe le nombre de têtes d’affiche féminines âgées de plus de 45 ans puisqu’on en compte uniquement trois : les personnages interprétés par Keri Russell dans Cocaine Bear, Nia Vardalos dans Mariage à la grecque 3 et Salma Hayek dans Magic Mike : dernière danse. Pour cette même tranche d’âge, on trouve 32 films portés par des hommes (dont 24 sont blancs). L’étude précise toutefois que les films choraux tels que 80 for Brady ou Book Club n’ont pas été comptabilisé.
Les grands studios à la traîne des petits distributeurs
Ces données révèlent également un déséquilibre persistant concernant le nombre de personnages principaux racisés : le pourcentage reste minoritaire même si l’on note une hausse par rapport à 2022 avec 37 protagonistes de couleur (hommes et femmes confondues), contre 32 l’année précédente. Parmi elle·eux, 14 étaient des femmes.
Concernant les grands studios, c’est Disney qui s’en sort le mieux avec 41,6% de sa production qui présente une femme en tête d’affiche. Quant au pourcentage sur la part des personnages racisés, Disney et la Warner Bros. sont à égalité avec 38,5%. Stacy L. Smith note ainsi un différentiel important entre les films de grands studios et ceux des plus petits distributeurs comme A24 et Roadside Attractions, dont 56,5% de la production met au premier plan une personne racisée.
Elle note ainsi : “Il est intéressant de noter que l’augmentation du nombre de personnages principaux sous-représentés n’est pas due au contenu des anciens studios. Ce sont les films de petits distributeurs et les films internationaux qui ont été à l’origine de l’augmentation constatée en 2023. Cette année aurait dû refléter les engagements pris par les grands studios à la suite de l’assassinat de George Floyd, mais ce ne sont pas eux qui sont à l’origine de la poussée vers une plus grande inclusion.”
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