Portrait empesé du célèbre scénariste américain victime de la chasse aux sorcières dans les années 1950.
Difficile de deviner quelle coïncidence amène le cinéma US à soudain revenir doublement sur l’épineuse période du communisme hollywoodien et du maccarthysme, mais on ne pourra en tout cas pas l’ignorer : quelques semaines séparent les sorties d’Ave César ! des frères Coen et de Dalton Trumbo, deux films sur l’âge d’or des studios et la phobie systémique du Rouge.
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Deux logiques pourtant opposées y travaillent : d’un côté, un Hollywood fantasmatique qui se déploie comme un territoire mental, aussi rêvé que les films qui s’y tournent ; de l’autre, un de ces films d’époque complexés par leur anachronisme, empêtrés dans une collection de vraies-fausses images d’archives et d’effets pittoresques. Car c’est bien ce qu’est hélas Dalton Trumbo, long chromo à la nostalgie assez fade, qui s’attache à retracer la vie d’un des plus célèbres scénaristes de son temps.
Sujet en or : Trumbo, communiste notoire, scénariste star à une époque où le poste égalait souvent (et dépassait même parfois) celui du réalisateur dans la hiérarchie symbolique du cinéma, est surtout la victime la plus emblématique de la chasse aux sorcières. Peu à peu ostracisé, interdit de travailler mais continuant d’écrire dans la clandestinité, Trumbo eut le panache d’emporter deux oscars sous des noms d’emprunt avant de ressortir de l’ombre grâce à Kirk Douglas, héros de son Spartacus.
Bryan Cranston lui prête une interprétation criarde, trop soucieuse de son flegme et de son charisme, à l’image d’un film qui lui aussi saisit l’époque façon carte postale sans vraiment chercher à en comprendre les rouages au-delà de leurs manifestations les plus superficielles. Ce n’est pas ce qui l’intéresse : un mégot, un whisky, un flacon d’amphétamines et une machine à écrire, voilà ce qu’il a retenu des Dix d’Hollywood.
Dalton Trumbo de Jay Roach, (E.-U., 2015, 2h 04)
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