La nouvelle trilogie Star Wars s’achèvera le 18 décembre avec la sortie tant attendue de L’Ascension de Skywalker. L’heure des au revoir a sonné pour celle qui en est la grande révélation et y a acquis de nouveaux pouvoirs.
C’est en petit animal, chétif mais robuste, revigoré par un sommeil d’hiver, que Daisy Ridley semble appréhender ce qui devrait être le dernier marathon promotionnel Star Wars de sa vie. Quand nous la rencontrons, début septembre à Londres, l’actrice, cheveux en arrière et yeux charbonneux, vient tout juste de sortir du nid : “Je n’ai pas fait grand-chose ces derniers mois. J’ai beaucoup dormi. C’est bizarre de se retrouver à parler à beaucoup de gens alors que je passe mon temps à ne voir que mes amis et ma famille.”
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Ses adieux à son personnage de Rey ont déjà eu lieu – une journée dont elle peine à se remémorer tant l’émotion fut grande et la désunion immanquablement ambivalente.
La saga imaginée par George Lucas goûte ces fusions indéboulonnables entre comédiens et personnages (Mark Hamill, Carrie Fisher, éternels Luke et Leia), mais elle, ne craint rien de cela. Rieuse et avenante, suffisamment rodée à l’exercice de l’interview express pour jongler entre mine sérieuse et pose décontractée, Daisy Ridley n’essaie pas “désespérément de [se] détacher de ce personnage” qu’elle affectionne particulièrement et dont elle sait l’importance : “Cela sera sûrement la chose principale pour laquelle je serai connue.”
Quand elle auditionne pour le rôle, cette Londonienne d’aujourd’hui 27 ans n’a dans sa poche qu’un maigre CV. Son début de carrière se partage entre petits boulots – vendeuse, barmaid (“Je dois dire que c’est ce que j’ai préféré, les gens ont tendance à être plus gentils quand ils commandent un verre« ) – et le train-train laborieux des débutants : “J’ai décroché un casting, je pensais que c’était là ma grande chance. J’ai quitté mon boulot, puis mon agent m’a appelée en me disant qu’ils venaient de couper mon rôle.”
“J’ai senti que j’allais décrocher le rôle, mais tout ceci était très étrange, assez vague”
Pour Star Wars, c’est une amie bien informée qui lui parle du casting. “C’était des appels à candidature. J’ai senti que j’allais décrocher le rôle, mais tout ceci était très étrange, assez vague. Nous devions jouer une scène du film, mais je ne savais rien du rôle. Quand j’ai reçu le scénario, cela a vraiment été une surprise. Je ne m’attendais pas à ce que Rey soit si importante.”
De l’anonymat aux lumières d’Hollywood
En 2015, J.J. Abrams réveille merveilleusement la saga mythique, après la deuxième trilogie du début des années 2000 pilotée par Lucas lui-même. C’est l’une des images les plus vibrantes de cette résurrection. En une fraction de seconde, Daisy Ridley naît au cinéma en même temps que Rey cette orpheline hardie, solitaire, au regard obstiné. Le passage de l’anonymat aux lumières d’Hollywood est un événement considérable.
Mais là encore, l’actrice déjoue les attentes : “Ma vie est plus calme qu’on ne le croit. Tout le monde m’avait mise en garde sur le fait que ça allait devenir ingérable. Mais ce n’est pas le cas. C’est parfois étrange, mais je peux me balader sans qu’on ne me reconnaisse.” Le changement est ailleurs et il n’a rien d’effrayant, il est même salvateur. Les propositions de rôles affluent, mais surtout, son nom devient un précieux argument : “Avoir accès à une telle franchise a fait que j’ai pu jouer dans un petit film qui n’aurait pas vu le jour à cause de questions de financement.”
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De la vision des Star Wars enfant, elle ne garde que des souvenirs disséminés. Elevée avec deux sœurs par des parents offrant à leurs filles “la possibilité de faire ce qui nous plaisait », la jeune fille grandit à Westminster dans une “maison joyeuse, remplie de monde et très bruyante”.
“Je ne suis pas une grande cinéphile”
Elle prend le chemin du métier d’actrice presque par hasard : “Je suis allée dans une école simplement par amusement. Pendant ma dernière année, à 18 ans, j’ai eu une très bonne professeure de théâtre. C’est là que je me suis dit que c’était peut-être ce que j’avais envie de faire. Mais je ne me souviens pas d’y avoir cru dur comme fer – du moins, je ne savais juste pas comment faire.” A l’époque, le cinéma occupe peu de place – “Je ne suis pas une grande cinéphile, le jeu est venu en étudiant, en ayant de bons professeurs” – et son désir est contraint par la peur, le manque de confiance – depuis peu retrouvée.
La fin et le début d’une nouvelle ère
Quand on l’interroge sur le féminisme prégnant de cette nouvelle trilogie, Daisy Ridley dit ne pas y avoir pensé sur le moment, comme si la chose était naturelle. L’Ascension de Skywalker marquera résolument la fin et le début d’une ère nouvelle, peuplée, on l’espère, de combattantes et combattants, chevaliers Jedi en herbe, inspirés par la ferveur de cette nouvelle icône.
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Alors, contentons-nous de ces fausses confidences aussi sibyllines qu’excitantes : “Rey est inattendue, elle va dans de nombreuses directions (…). On comprend pourquoi elle fait ce qu’elle a à faire. Elle passera peut-être du côté obscur de la Force, peut-être pas. Peut-être que l’on apprendra qui sont ses parents…”
Star Wars: l’ascension de Skywalker de J.J. Abrams, avec Daisy Ridley, Adam Driver… (E.-U., 2019, 2h 35). Sortie le 18 décembre
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