Démocratisation du support aidant, voici l’apparition de DVD double programme, à la manière des salles de quartiers d’antan ou des Drive-In. Sony se lance donc dans une collection thématique, dont le premier volet est ces Nuits américaines contenant deux perles du film noir des années 50, restés dans l’ombre des classiques immédiats. L’idée de génie […]
Démocratisation du support aidant, voici l’apparition de DVD double programme, à la manière des salles de quartiers d’antan ou des Drive-In. Sony se lance donc dans une collection thématique, dont le premier volet est ces Nuits américaines contenant deux perles du film noir des années 50, restés dans l’ombre des classiques immédiats. L’idée de génie du film de Rudolph Maté est d’inverser la narration habituelle : un homme sait qu’il va mourir empoisonné et traque son assassin en flash-back. Ce scénario rusé étant d’ailleurs la solide charpente d’un film auquel il manque un souffle stylistique, ce que, très curieusement, Maté, formidable directeur de la photo pour Dreyer ou Siodmak, ne saura donner à sa réalisation. Les deux remakes de D.O.A ? notamment le sous-estimé Mort à l’arrivée de Chaz Jenkel et Annabel Morton au milieu des 80 s’ ne feront pas la même erreur. Reste dans le film originel une passionnante mais cruelle partie de Cluedo menée aux dépens d’Edmond O Brien en homme ordinaire, at the wrong place at the wrong time. Comme souvent sur les vinyls, c’est sur la face B de ce DVD que se trouve le meilleur. Dans Je dois tuer, Frank Sinatra est un tueur chargé d’éliminer le président des USA lors de son passage dans une petite ville. Le film de Lewis Allen est clairement identifiable comme un film à message des années 50, tant il utilise les stéréotypes de l’époque, dans la construction des personnages et dans un sous-texte aujourd’hui désuet. C’est pourtant dans l’affrontement entre deux époques incarnées par Sterling Hayden (le shérif du bled) et Sinatra, bourré de tics et de rictus; entre une Amérique dans les babils du Baby Boom et le retour de manivelle qu’elle devra encaisser après la mort de JFK, moins de dix ans plus tard. La force de Je dois tuer, plus court mais moins bien rythmé que celui de Maté, est dans les imposantes performances des deux acteurs.
Involontairement, Je dois tuer alimente la gestation de la thèse du complot, qui sera avec l’assassinat à Dallas, ancrée à jamais comme face sombre du patriotisme dans la mentalité américaine. On peut regretter que les copies utilisées sur ce DVD n’aient visiblement pas été remastérisées et que les suppléments aient l’air de minimum syndical.
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