Revoilà le pauvre héros de Rostand, largué dans un musical étouffant sous un déluge de mièvrerie.
Donner à Peter Dinklage le rôle de Cyrano, en voilà une drôle d’idée, qui a l’air de se débrouiller toute seule pour se trouver tout à fait excellente. On se demande tout de même si elle n’est pas un peu infecte, pétrie d’une compassion grossière, trop satisfaite du parallélisme facile (et somme toute pas si solide, car on a totalement renversé le complexe de taille : Cyrano est d’abord un homme encombré par quelque chose en trop) entre l’acteur de petite taille et le héros de Rostand.
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L’idée vient de la dramaturge Erica Schmidt, qui l’a d’abord expérimentée à Broadway avant de susciter l’intérêt du réalisateur d’Orgueil et Préjugés (2005), et qui signe d’ailleurs le scénario. Détail crucial : Schmidt est l’épouse de Peter Dinklage – on peut donc dire que le film est écrit par Roxane.
Reste que l’entièreté du projet semble avoir été motivée et structurée par cette analogie lourdingue entre l’acteur et le personnage, qui ne fait de bien ni à l’un ni à l’autre, et autour de laquelle ne se déploie qu’un musical de complaisance, peuplé d’acteur·trices transparent·es et de thèmes raplaplas. Le film peut s’attirer une certaine sympathie facile par le kitsch de sa direction artistique, mais cède au fond à ce qui demeure souvent le problème des adaptations hollywoodiennes de classiques de la littérature française : un excès de sucre, un manque de subtilité qui atomise le texte et le sacrifie sur l’autel d’une religion du simplisme.
Cyrano de Joe Wright, avec Peter Dinklage, Haley Bennett (É.-U., 2021, 2h04). En salle le 30 mars.
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