Ce cycle “cinéma et architecture” est divisé en deux parties. La première, qui s’arrête aux années 50, réunit un ensemble de courts métrages souvent rares de “L’âge classique du cinéma”. La seconde est constituée par une série d’entretiens filmés entre des architectes et des écrivains contemporains. Les oeuvres de jeunesse des années 20 et 30 […]
Ce cycle « cinéma et architecture » est divisé en deux parties. La première, qui s’arrête aux années 50, réunit un ensemble de courts métrages souvent rares de « L’âge classique du cinéma ». La seconde est constituée par une série d’entretiens filmés entre des architectes et des écrivains contemporains.
Les oeuvres de jeunesse des années 20 et 30 révèlent la fascination des cinéastes pour la ville industrielle, aussi neuve que leur art. Le cinéma respire avec cette réalité faite de répétitions de sons, d’objets, de rues tramées par les pavés, dessinées par les tramways. Dans Le Vieux Port de Marseille, Laszlo Moholy-Nagy s’en délecte. Les cinéastes retrouvent tous les éléments du montage dans cette ville mécanique constituée de ruptures et de changements de vitesse. René Clair mobilise les techniques de collage, d’accélération, de superposition pour révéler La Tour de monsieur Eiffel. Dans un esprit certain de communauté, cinéastes, peintres, poètes, musiciens, architectes modèlent une représentation des villes particulière. Le contraste social a sa place. Dans A propos de Nice, Jean Vigo a enregistré les excès du carnaval, mais aussi la cohabitation des petits métiers et des oisifs, les croisements, les échanges. Un demi-siècle plus tard, la ville apparaît chaotique et n’est plus une entité. Aucun cinéaste n’oserait renouveler l’acte de bravoure de Moholy-Nagy découpant sur l’écran avec des ciseaux un morceau de ville aussi clairement défini qu’un plan. La précaution est désormais le minimum requis. L’éclatement des villes, cette complexité nouvelle, rend les architectes perplexes et met en cause l’ancienne représentation. Pourtant, la ville regorge d’images qui ne sont ni de l’architecture ni du cinéma et encore moins de la ville. Il en sera beaucoup question dans les entretiens. Mais pour s’en défier. C’est sans doute pour cette raison que les architectes se tournent vers les écrivains et les philosophes.
Chacun est ici associé à son âme soeur, (Chemetov et Daeninckx, Nouvel et Baudrillard, Portzamparc et Sollers…), la qualité des entretiens est alors remarquable. Un regret pourtant : il existe des morceaux d’architecture, de cinéma, de littérature qui savent encore raconter les villes ; leur absence nous renvoie à une nostalgie des vieux films et des villes aujourd’hui perdues.
Catherine Tricot
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