CURSED DE WES CRAVEN
avec Christina Ricci, Joshua Jackson, Jesse .
..isenberg
L’étrange Christina Ricci joue les loups-garous pour Wes Craven. Un bon film d’horreur théorique, doublé d’un documentaire sur les avatars chirurgico-plastiques du corps contemporain.
« Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort », dit le slogan publicitaire sur les affiches de Cursed, dernière mutation en date de la formule nietzschéenne. Mais est-ce que ce qui ne vous tue pas rend plus loup ? Il est en effet ici question de loups-garous. Une bonne idée du film (l’un des meilleurs de Wes Craven depuis longtemps) consiste à confier à la créature freak Christina Ricci le rôle de la mutante condamnée, après une rencontre nocturne avec un chien-homme-loup invisible prologue à la Tourneur dans une forêt magique , à un devenir-animal.
Condamnée ? Ce que le titre nomme malédiction semble plutôt une aubaine pour l’actrice Ricci, qui passe progressivement d’une interprétation de journaliste nunuche/coincée/pseudo-chic, où on la sent engoncée et mal à l’aise (elle essaie alors de faire l’actrice, y réussissant aussi peu, ou aussi bien, que Joan Collins dans L’Empire des fourmis géantes), à un déchaînement érotico-animal la minuscule brune réussissant alors pleinement à faire la chienne.
Qu’attendre de mieux de la légende cinématographique des loups-garous, vingt ans après le clip de Thriller de John Landis, qui fixa pour l’éternité la vérité de la malédiction à venir de la bête Michael Jackson ? Vérifier que tout acteur est, ou devrait devenir, un animal. Tel est donc le sujet du film de Wes Craven, qui abandonne en chemin le second degré avec lequel, dans Scream, il massacrait, non ses personnages fantoches, mais le genre même de l’horreur.
Ici, tout en filmant le devenir-louve de son actrice, Wes Craven inaugure (à son insu) un genre dans lequel, nous, spectateurs, voyons l’avenir du cinéma hollywoodien : une revisitation du documentaire animalier où les visages botoxés à mort de nombre des seconds rôles (c’est désormais la norme à L.A.) donnent porcinement, autrement dit harmonieusement, la réplique à l’héroïne-chienne. Telle est en effet la fonction des (bons) films fantastiques, de rendre visible notre avenir.
Hélène Frappat
Sortie le 29 juin.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}