Dans un éditorial pour le magazine ELLE, la comédienne ne mâche pas ses mots. Chacune de ses lignes exprime sa colère et son désarroi face au mépris du gouvernement Macron pour le monde de l’art et la culture.
Dans un éditorial pour ELLE publié le 11 novembre, Isabelle Adjani est revenue sur la soirée du mercredi 28 octobre, lorsque le Président de la République a annoncé le retour du confinement sans prononcer “une seule fois le mot ‘culture’”. Répondant à la colère de son homologue Jeanne Balibar qui se demandait ironiquement si les travailleurs de l’art et de la culture allaient enfin être considérés comme faisant partie du “service public”, Isabelle Adjani dénonce le sort qu’on leur réserve : “Comprenez que nous ne sommes pas essentiels, au même titre que les restaurateurs, que de nombreux petits commerçants, fleuristes et libraires, pour lesquels la réouverture serait vitale, sous peine d’extinction. Nous, artistes et équipes de spectacle confondus, nous sommes devenus aussi inactuels qu’inessentiels.”
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L’actrice développe alors l’objet de son anxiété : et si, en France comme dans le reste du monde, le statut d’artiste “occupait la première place des métiers les plus inutiles” ? Alors que cette période morose semblait rappeler aux Français l’importance de l’art et la culture, voire sa nécessité en ces temps difficiles, le gouvernement français se range du côté de ceux qui voient ces activités comme superflues. Sinon, pourquoi fermer ces lieux (les théâtres, les cinémas, les musées, les librairies) où “les normes sanitaires ont été appliquées, respectées” ?
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“Le tigre nous a dévorés tout crus et que notre carcasse ne l’intéresse plus”
“Début mai, Emmanuel Macron, manches relevées à l’américaine, exhortait les Français du monde de la culture, secteur représenté comme entretenu par l’Etat à enfourcher le tigre et à le domestiquer. Il faut croire qu’aujourd’hui, le tigre nous a dévorés tout crus et que notre carcasse ne l’intéresse plus”, ajoute-t-elle.
Et de conclure : “Si la mise à l’isolement continue, la création des œuvres plus modestes, plus difficiles, plus exigeantes, va-t-elle survivre dans le désir épuisé de ceux qui les défendent et de ceux qui les attendent ? (…) A rester trop longtemps prisonniers entre la plateforme et le vide, nous finirons par ne plus servir à rien, nous servirons, c’est tout.”
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