Caméra vidéo à la main, Karim Dridi est parti à Cuba filmer les musiciens au hasard des villes et des rencontres, avec un fil rouge en la personne de El Gallo, surnom qui signifie “Le Coq”, qui chante comme lui du matin au soir. Ce papy de 76 ans, à la notoriété reconnue dans toute […]
Caméra vidéo à la main, Karim Dridi est parti à Cuba filmer les musiciens au hasard des villes et des rencontres, avec un fil rouge en la personne de El Gallo, surnom qui signifie « Le Coq », qui chante comme lui du matin au soir. Ce papy de 76 ans, à la notoriété reconnue dans toute La Havane, est en fait une sorte de ménestrel qui parcourt les rues et les places, guitare à la main et belle voix rocailleuse toujours prête à s’élever pour faire entendre le répertoire cubain contre quelques sous. Le réalisateur l’embarque avec lui et toute l’équipe dans sa traversée de Cuba.
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Le principe du film est de se couler dans les divers rythmes imposés par la musique des lieux et d’enregistrer les moments de fusion entre les musiciens, chanteurs et danseurs, ponctués par de rares instants de suspension.
Où que l’on débarque, on se raconte et on se parle en improvisant un rap, on entend les standards déchirants du boléro cubain, la musique en un mot semble le vecteur principal de la communication locale. On est alors un peu déconcerté par cette image festive permanente, dans laquelle chacun est accueilli les bras ouverts et le sourire aux lèvres, où l’on danse et chante avec fougue, même si c’est de désespoir, dans une énergie euphorisante généralisée image qui se fond dans le cliché habituellement véhiculé.
Mais dans les rares moments de calme, une certaine cruauté transparaît, lorsque El Gallo arrive dans un endroit et tente par exemple de se reposer. A deux reprises, ses partenaires viennent tirer du lit le vieil homme que l’on sent alors épuisé, le contraignent à reprendre sa guitare et à battre la mesure. El Gallo, artiste errant, est entièrement dépendant de ces rencontres de hasard pour survivre, mais il est également transfiguré à leur contact. Dridi saisit à quelques reprises le visage au repos de l’homme en gros plan, solitaire et perdu dans ses pensées, tranchant avec l’image qu’il renvoie lors de ces unions éphémères et multiples.
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