Plus apprécié pour ses documentaires (L’œil sauvage, 1959, sur la vie urbaine, Interviews with my lai veterans, Oscar en 1970) que pour ses films de fiction hasardeux et présomptueux (Le Balcon, 1963, d’après Genet, Ulysse, 1967 d’après Joyce, Tropique du Cancer, 1970, d’après Miller), Joseph Strick signe ici un documentaire sur la criminalité contemporaine aux […]
Plus apprécié pour ses documentaires (L’œil sauvage, 1959, sur la vie urbaine, Interviews with my lai veterans, Oscar en 1970) que pour ses films de fiction hasardeux et présomptueux (Le Balcon, 1963, d’après Genet, Ulysse, 1967 d’après Joyce, Tropique du Cancer, 1970, d’après Miller), Joseph Strick signe ici un documentaire sur la criminalité contemporaine aux Etats-Unis. Il monte en parallèle des images filmées « sur le terrain » grâce à la complicité des brigades de police et des interviews des mêmes criminels après l’arrestation, une fois condamnés et emprisonnés. Ce qui frappe d’abord, c’est que la plus grande violence n’est pas dans les images des crimes (les scènes de casse et de meurtre sont-elles banalisées à ce point par la fiction ?), mais dans les témoignages des détenus qui n’ont pas un mot de regret et racontent froidement leurs forfaits, du vol d’un portefeuille au viol ou au meurtre. Certains même se vantent, se disent prêts à recommencer. A force de parler, un violeur révèle sans s’en rendre compte son impuissance sexuelle. Il devient alors pitoyable, donc humain. Malgré la crudité des images, on n’aura jamais la sensation coupable de satisfaire à un voyeurisme morbide. Si Strick n’a ni le talent ni la pudeur de Depardon, il ne tombe pas non plus dans le reality-show. Pourtant, certains qualifient son film de fasciste sous prétexte qu’il mettrait tous ces criminels dans le même panier et inciterait à une répression aveugle. S’il n’est pas exclu que l’auteur puisse avoir ces tentations, il semble que sa mise en scène n’aille pas jusque-là. Certes, lorsqu’un homme raconte ses viols de fillettes noires, Strick monte en insert des plans sur des gamines noires se promenant dans la rue. On peut trouver cela insupportable, plus sûrement maladroit, ou même tout simplement inutile. Mais il ne « fictionnalise » jamais et chaque image est toujours clairement identifiable : interview de délinquant en prison, vidéo de la police, vidéo des délinquants, plan de coupe « illustratif ». Sans oublier le contrepoint des commentaires « poétiques » de C. K. Williams. On peut donc faire confiance aux spectateurs pour faire la part des choses dans ce documentaire qui explore la nature humaine dans ses recoins les plus sombres.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}