Des filles de 15 ans, petites sœurs en sueur, entre exaltation et béatitude : le travelling au ralenti, rideau humain réfléchissant un engouement générationnel, qui ouvre Crachez vos souhaits a valeur d’estampille, de sticker for fans only qu’on serait paresseusement tenté d’apposer sur le film. Sauf que cet avertissement, qui s’adresse à pas moins de […]
Des filles de 15 ans, petites sœurs en sueur, entre exaltation et béatitude : le travelling au ralenti, rideau humain réfléchissant un engouement générationnel, qui ouvre Crachez vos souhaits a valeur d’estampille, de sticker for fans only qu’on serait paresseusement tenté d’apposer sur le film. Sauf que cet avertissement, qui s’adresse à pas moins de deux millions de fidèles ne saurait ici se justifier. On peut ne pas goûter aux hymnes fédérateurs des quatre parisiens (leur musique m indiffère, simplement) et être en empathie avec ce documentaire sur leur tournée de 98. Essentiellement parce l’attitude du groupe, humble mais intransigeante, a trouvé le relais idoine en la personne de Thierry Villeneuve. Crachez vos souhaits, mais pas au bassinet. Le film sort près de trois ans après son tournage, le groupe l’a voulu ainsi pour évincer toute visée commerciale. Il se refuse à être une vitrine promotionnelle, revendiquant plutôt un enregistrement du quotidien, avec son lot de non-évènements, de journées décalques. Villeneuve n’est pas Pennebaker ou les frères Maysles mais ses options de filmage relèvent d’une réelle cohérence avec l’esprit de Louise. En choisissant de tourner en format film et avec une seule caméra, il s’impose le plan séquence, sans craindre de ne capter, quand cela est nécessaire, que des moignons de chansons. D’autre part, il se fait fort de respecter les vertus démocratiques qui animent le groupe. No star, le roadie, le manager ou l’extension militante (le moment le plus fort est incontestablement la prise de parole du président d’Act-up lors du concert benefit du Zénith) ne sauraient être évincés au profit d’un frontman, porte-étendard ici réfuté. La modestie des moyens et du propos, une rigueur technique parfois vacillante (comme dans tout bon concert, le pain, l’accident, est le bienvenu) n’ont pas d’incidence sur la tenue, constante, de l’entreprise.
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