CQ met en scène un jeune réalisateur obligé de réaliser des séries Z alimentaires, dans les années 60. Laurent Fétis, collaborateur du groupe Mellow et concepteur graphique du film, commente certaines de ses images.
– Affiche 69/70
Le personnage principal du film, Paul, est metteur en scène, et cette affiche est celle d’une de ses uvres les plus personnelles. C’est une affiche qu’on voit beaucoup dans le film. L’idée était de faire quelque chose qui ressemble à une maison, et évoquer ainsi plusieurs facettes de la vie de Paul, avec toutes ces cases. Il était important aussi de retranscrire l’esprit du film de Paul. Il y a donc beaucoup de gros plans, des choses prises très près, des détails de corps, etc.
Pour réaliser cette affiche, il y avait un cahier des charges très précis. Quand j’ai commencé à travailler avec Roman, on s’est rendu compte qu’on était sur la même longueur d’ondes, on collectionnait tous les deux les mêmes livres sur les années 60 et on était mutuellement jaloux de nos bibliothèques.
Ce qui était intéressant, c’est qu’il était impossible à berner : il avait toutes les références les plus pointues du domaine, au-delà des références habituelles, comme l’affiche de Barbarella. Ça poussait le challenge plus loin. Tout ce qui m’a motivé, ça a été de faire un truc hypercrédible et nouveau en même temps.
– Les affiches du festival dans le film
Une partie de l’action du film se déroule durant un festival de cinéma, pour lequel j’ai imaginé des films et des affiches. L’idée était de faire quelque chose de rigolo, avec des titres un peu débiles. Pour ça, j’ai regardé pas mal de livres théoriques sur le cinéma, où tout était basé sur l’idée de cinéma et de révolution. Dans ce genre de bouquin, on trouve toujours des titres assez particuliers, comme Esthétique de la révolution. J’ai utilisé différentes nationalités : allemand, japonais, etc.
Je voulais retrouver une représentation particulière des années 60, pour chacun des pays concernés : l’affiche allemande est dure, avec une forme géométrique un peu fermée, le visuel ukrainien montre une image plutôt simple et plutôt pourrie, saturée en couleurs.
– Dragonfly
L’affiche de Dragonfly, le film dans le film, change énormément tout au long de l’histoire. Au départ, l’héroïne ressemblait à un personnage de Crepax, avec une coupe à la garçonne. En cours de route, l’actrice choisie ne ressemblait plus au profil initial. Il y a beaucoup de choses dans l’affiche qu’on ne voit pas dans le film. C’est une de ces affiches menteuses qui montrent un peu plus que ce qui se passe dans un film.
– Accessoires
J’ai conçu beaucoup de choses pour CQ : des cartes de l’espace, des billets de banque. L’idée de base pour ces accessoires, c’était d’appliquer les principes de Vasarely de démultiplication des images. Le but étant d’avoir une identité et une cohérence visuelle. En plus, le film dans le film est supposé être mauvais : c’était donc drôle de concevoir des choses mal faites. Cela dit, par moments, je trouve ça un peu trop propre encore.
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Sélection officielle. Hors compétition.