Une comédie sociale assez fine. Très bien entourée, Isabelle Huppert en marginale allumée excelle dans le comique.
Après avoir beaucoup bourlingué et galéré un peu partout dans le monde, la fofolle Babou (Isabelle Huppert), la cinquantaine, et sa fille (Lolita Chammah) se sont installées à Tourcoing. Comme elles sont fauchées, Babou cherche vaguement du boulot.
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Le jour où sa fille lui annonce qu’elle va se marier, mais qu’elle a tellement honte de sa mère qu’elle ne souhaite pas l’inviter à assister aux festivités, Babou tombe de haut.
Pour lui prouver qu’elle est capable de se montrer responsable, celle-ci accepte de devenir vendeuse d’appartements en multipropriété à Ostende, en Belgique, au cœur de l’hiver…
Comédie sociale et familiale, Copacabana aurait tout aussi bien pu donner prétexte à un mélodrame. Mais Marc Fitoussi, déjà auteur du joli La Vie d’artiste, a préféré en tirer une comédie fort émouvante.
Pourtant les qualités d’un film ne se jugent pas seulement aux (bons) sentiments exprimés par ses personnages, mais à la façon dont leur auteur sait les accompagner tout au long de leur épopée, en prenant garde de ne pas les simplifier, ni de les réduire à des caricatures monolithiques.
L’écriture de Fitoussi échappe à tous ces périls. Il sait mener, construire et écrire un récit, il en connaît les bornes essentielles, les ruses et les faux amis. Il sait aussi comment renverser les idées reçues, donner à ses personnages la chance de transformer soudain tous leurs défauts en qualités. Mais il sait surtout les abandonner tendrement au jeu des acteurs, afin qu’ils les transfigurent, au-delà des mots, en quelque chose de mouvant, de vibratile, d’autonome.
C’est ainsi qu’on n’avait, par exemple, jamais vu une actrice comme Aure Atika, dans le rôle d’une méchante commerciale, être aussi convaincante. Lolita Chammah, longtemps cantonnée à des seconds rôles, trouve ici, et pour la première fois, un personnage à la hauteur de son talent.
Quant à Isabelle Huppert, qui a toujours été une grande actrice comique (souvenez-vous de ses numéros d’auguste au féminin dans les films de Josiane Balasko, de Huit femmes de François Ozon ou de certains films de Claude Chabrol comme L’Ivresse du pouvoir), elle se montre ici étonnante, très drôle et surtout inventive, tout en variations, en nuances, en ruptures de ton, mais aussi pleinement en phase avec une réalité humaine, psychologique et sociale d’aujourd’hui (ces femmes qui ont roulé leur bosse et qui ont du mal à comprendre les règles actuelles du monde de l’entreprise).
Elle compose son personnage en grande actrice : à la fois contemporain et nourri du répertoire du passé, Babou rappelle la Gelsomina de La Strada de Fellini. C’est aussi la Wanda de Barbara Loden (personnage qui obsède Isabelle Huppert), en plus courageuse : marginale par nature, préférant l’imaginaire à la triste réalité, mais capable à tout moment de redescendre sur terre pour faire plaisir à ceux qu’elle aime. Un très beau personnage, presque supérieur au film qui lui a donné le jour. Il faut le prendre ici comme un compliment.
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