Que Federico Fellini ait été un bavard impénitent, nous le savions depuis longtemps. Mais cela justifie-t-il l’avalanche de livres que les éditeurs français nous proposent depuis sa mort Après les Propos de Fellini chez Ramsay, le Fellini par Fellini de Flammarion et Je suis un grand menteur aux éditions de L’Arche, voici aujourd’hui les Conversations […]
Que Federico Fellini ait été un bavard impénitent, nous le savions depuis longtemps. Mais cela justifie-t-il l’avalanche de livres que les éditeurs français nous proposent depuis sa mort Après les Propos de Fellini chez Ramsay, le Fellini par Fellini de Flammarion et Je suis un grand menteur aux éditions de L’Arche, voici aujourd’hui les Conversations avec Fellini de Costanzo Costantjni. Soit. Mais ne vaudrait-il pas mieux s’intéresser aux nombreux cinéastes italiens sur lesquels on ne possède aucune monographie en français’
Malgré ces réserves, ce nouvel ouvrage sur Fellini n’en reste pas moins passionnant. Sa première originalité est d’avoir été rédigé par un journaliste du quotidien romain Il Messaggero qui, pendant plus de trente ans, a fréquenté régulièrement le Maestro. L’ouvrage, né d’une longue fréquentation amicale, dépasse le strict cadre de l’entretien pour prendre la forme des conversations. L’un des charmes de l’entreprise est de nous faire découvrir un Fellini au quotidien, incorrigible menteur sachant manier l’humour et l’ironie avec brio. Celui-ci n’a cessé de reconstruire sa biographie, inventant des épisodes farfelus ou improbables, pour le malheur de ses biographes. Le livre de Costanzo Costantini mêle les témoignages du journaliste et les discours felliniens, On suit ainsi Fellini de son adolescence à Rimini jusqu’à l’élaboration de son tout dernier projet, Bloc-notes d’un réalisateur: l’enfer, l’acteur, qu’il ne put mener à bien, en passant par les épisodes désormais célèbres de La Dolce vita ou de Huit et demi. Le cinéaste s’attarde particulièrement sur les relations qu’il a entretenues avec les réalisateurs qui l’ont influencé, de Rossellini, seul maître reconnu, à Pasolini.
Les pages les plus émouvantes et les plus neuves de l’ouvrage sont sans doute celles consacrées aux dernières années, que Costantini, en témoin privilégié, retrace avec pudeur. On y découvre un Fellini fatigué mais jamais inactif. On y apprend aussi, chose jusqu’ici peu documentée, les très amicales relations que Fellini entretenait avec le peintre Balthus. La conversation entre les deux artistes est l’un des plus beaux moments du livre. Mêlant l’anecdote et la réflexion, Costantini nous offre sans doute le meilleur ouvrage de la série des entretiens de Fellini, cinéaste dont l’influence reste, considérable. Car, comme le disait Woody Allen, Son oeuvre déborde de vitalité, c’est le triomphe de la vie, du plaisir et de l’amusement.?
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