Après des négociations houleuses et malgré les alertes des syndicats de producteurs, le texte visant à mieux encadrer les pratiques salariales dans le cinéma a été signé aujourd’hui par les représentants du gouvernement. Il prendra effet le 1er octobre.
« La récré est finie » : c’est en ces mots plutôt durs que le ministre du Travail, Michel Sapin, commentait le projet d’extension de la convention collective à tous les films, ouvrant une bataille rangée qui dure maintenant depuis plusieurs mois et au terme de laquelle les mises en gardes des producteurs n’auront pas ou peu été entendues. Est-ce que l’intervention du médiateur, Raphael Hadas-Lebel, nommé par les ministres du Travail et de la Culture (Aurélie Filippetti) dans le but de pacifier les discussions, et les multiples alertes des syndicats de producteurs (la dernière, très alarmiste, datant du 30 juin) ont pu infléchir le contenu du texte, et notamment celui de la fameuse annexe dérogatoire dédiée aux films fragiles ? Il est encore trop tôt pour le savoir. Une chose est sûre : l’entrée en vigueur de la convention, initialement prévue au 1er juillet, a été repoussée au 1er octobre afin de laisser un temps supplémentaire au travail de médiation.
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Rappel à l’ordre
Le texte en question impose, à l’intégralité de la production cinématographique, une politique salariale qui mettrait fin à de nombreux arrangements pratiqués par la profession, où l’on négocie avec les intermittents des diminutions devenues monnaie courante pour faire face à l’inflation du coût des films et mener à bien des projets difficiles à monter autrement. Si la légitimité des revendications syndicales, auxquelles la controverse autour de La Vie d’Adèle offre une vibrante chambre d’écho, n’est pas à mettre en doute, il reste que tout un pan de la diversité cinématographique française risque la disparition. Le cinéma est-il un secteur comme les autres, comme semblerait parfois l’entendre Michel Sapin ? Quand la sécurité du travail se paye en richesse culturelle et inversement, le gouvernement se trouve face à un dilemme particulièrement épineux, dont le dossier serait remonté jusqu’au chef de l’Etat. Aurait-il fait preuve de plus de flexibilité ?
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