Adaptation ligne claire du Décaméron de Boccace. Elégant mais lisse.
Après le sursaut de leur précédent film, César doit mourir, docufiction audacieuse sur les répétitions du Jules César de Shakespeare par
les détenus d’une prison romaine, les frères Taviani reviennent à un style
plus lénifiant.
Adaptant Le Décaméron de Boccace, ils font fi de son esprit bouffon, iconoclaste et anticlérical et s’évertuent à le débarrasser de toute scorie visuelle ou historique, au point que cela ne semble pas se dérouler au XIVe siècle, mais au XVIIIe ou au XIXe. Adaptant (inventant à moitié) cinq contes, les Taviani prennent le parti inverse de Pasolini qui, en 1971, avait transposé les dix contes de Boccace dans une optique grotesque plus conforme à l’original.
Le but des Taviani semble être de composer des tableaux parfaits
Ne cherchant pas à faire chic et classique, Pasolini avait mieux traduit à l’écran le Moyen Age italien, son fouillis social, que les Taviani, dont le but ultime semble être de composer des tableaux parfaits, sans bavure vulgaire, des vues idylliques de paysages de Toscane peuplées de jeunes gens gracieux tout droit sortis d’un cours de théâtre. De la ligne claire historique. Les ligues de vertu apprécieront mais Boccace, ou ce qu’il en reste, se retournera dans sa tombe.