Interrogeant des chefs costumiers, IndieWire a évoqué l’importance des vêtements des personnages dans les films, et notamment, à travers plusieurs exemples, comment ceux-ci servent l’émancipation des femmes.
On a souvent tendance à accorder une grande partie du crédit d’un film à son auteur. Mais les chefs et techniciens s’occupant des aspects artistiques et techniques du film, travaillant la plupart du temps dans l’ombre du réalisateur, jouent des rôles également cruciaux. Par exemple, les chefs opérateurs, décorateurs, costumiers sont autant de professions extrêmement importantes dans la réalisation d’un film. IndieWire a décidé d’en mettre trois à l’honneur, dont Harriet de Kasi Lemmons et Les Filles du Docteur March de Greta Gerwig, en montrant l’influence du choix des costumes pour servir le propos de l’empowerment féminin dans leurs films respectifs.
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Harriet Tubman, ancienne esclave héroïque
Pour Harriet Tubman, célèbre esclave du XIXe siècle ayant aidé de nombreux autres esclaves à s’enfuir le long de la Underground Railroad, le chef costumier Paul Tazewell indique avoir voulu créer des vêtements relativement uniques. “Là où l’histoire démarre, il fallait que l’on comprenne qu’elle est une esclave. Mais, alors qu’elle se réinvente au sein de son époque – et s’émancipe en tant que femme libre et noire -, il y a des choix [de costumes] qui, je l’espérais, résonneraient de manière émotionnelle pour servir le récit”, explique-t-il.
Paul Tazewell a étudié des daguerréotypes [un procédé photographique, ndlr] de Tubman, et a également inventé certains éléments de sa garde-robe pour les moments où elle aide des centaines d’esclaves à s’échapper des plantations, devant donc passer inaperçue. Cependant, alors qu’Harriet réussit son évasion, sa robe est progressivement ruinée par la boue et l’eau, et finalement détruite. Les nouveaux vêtements qu’elle se confectionne elle-même ensuite, aux couleurs plus vives et affirmées, font écho à la nouvelle existence qu’elle mène.
Jo March, figure androgyne
C’est Jacqueline Durran qui s’est occupée des costumes des Filles du Docteur March, et a essayé de distinguer la bohème Jo de ses sœurs. “C’était un numéro d’équilibriste que d’évoquer la période victorienne en général, et à quel point ces filles radicales étaient distinctes. De plus, chaque fille avait une douzaine de costumes différents.” Gerwig et Durran ont notamment indiqué s’être inspirées des peintures du peintre américain Winslow Homer.
Plus tard dans le récit, Jo, désirant devenir écrivaine, s’est mise à porter des vêtements masculins, qui convenaient mieux à sa nature, “s’appropriant l’espace” à la fin du film avec ses vêtements, alors même qu’elle prend possession de son livre auprès de son éditeur, à New York.
De plus, IndieWire indique également que Jo et son meilleur ami Laurie (joué par Timothée Chalamet) ont partagé des habits, sur l’intuition de Durran et de la réalisatrice : “L’idée que Jo puisse porter le gilet de Laurie ou vice-versa, ou qu’ils puissent avoir cette identité fluide entre eux quand ils étaient plus jeunes, je pense, a bénéficié à leur relation”, explique la cheffe costumière.
Pour rappel, Les Filles du Docteur March sort le 1er janvier 2020 en France et Harriet le 29 avril.
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